POEMES SUR LA MER ET LES MARINS

 

28.   Oceano Nox   (Victor Hugo)

 

Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ?
Combien ont disparu, dure et triste fortune ?
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfoui ?

 
Combien de patrons morts avec leurs équipages ?
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée,
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;
L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !

 
Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus
Oh ! que de vieux parents qui n'avaient plus qu'un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
            Ceux qui ne sont pas revenus !

 
On demande " Où sont-ils ? Sont-ils rois dans quelque île ?
Nous ont' ils délaissés pour un bord plus fertile ? "
Puis, votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli

 
On s'entretient de vous parfois dans les veillées,
Maint joyeux cercle, assis sur les ancres rouillées,
Mêle encore quelque temps vos noms d'ombre couverts,
Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,
Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures
Tandis que vous dormez dans les goémons verts !

 
Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encore de vous en remuant la cendre
            De leur foyer et de leur coeur !

 
Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !

 
Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots ! que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir, quand vous venez vers nous...

(Les rayons et les ombres...)

 

La mer déchaînée

 

29.  AVE MARIS STELLA  (José Maria de Hérédia 1842-1905)
 

Sous les coiffes de lin, toutes croisant leurs bras
Vêtus de laine rude ou de mince percale,
Les femmes à genoux sur le roc de la cale,
Regardent l' Océan blanchir l'île de Batz.

 
Les hommes, pères, fils, maris, amants, là-bas
Avec ceux de Paimpol, d'Audierne et de Cancale,
Vers le Nord sont partis pour la lointaine escale,
Que de hardis pêcheurs qui ne reviendront pas !

 
Par dessus la rumeur de la mer et des côtes,
Le chant plaintif s'élève, invoquant à voix hautes
L'Etoile sainte : espoir des marins en péril ;

 
Et l'Angélus, courbant tous ces fronts noirs de hâle,
Des clochers de Roscoff à ceux de Sybiril,
S'envole, tinte et meurt dans le ciel rose et pâle.


 

30.  Un coucher de soleil, en Bretagne  (José M. de Hérédia)

 

   
Un coucher de soleil sur la côte bretonne

     Les ajoncs éclatants, parure du granit,
     Dorent l'âpre sommet que le couchant allume.
     Au loin, brillante encore par sa barre d'écume,
     La mer sans fin, commence où la terre finit !

 
     A mes pieds, c'est la nuit, le silence. Le nid
     Se tait. L'homme est rentré sous le chaume qui fume ;
     Seul l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
     A la vaste rumeur de l'Océan s'unit.

 
     Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,
     Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
     De pâtres attardés ramenant le bétail.

 
     L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,
     Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
     Ferme les branches d'or de son rouge éventail.

(La nature et le rêve)

 

31.  L'HOMME ET LA MER  (Charles Baudelaire)

 

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

 
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur,
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

 
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

 
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié, ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables !

(Les fleurs du mal)

 
 

 

32.  Quand la Mer se déchaîne !...

 

Que la mer est belle avec ses blancs moutons !
Mais soudain, elle se change en mégère impromptue :
Fantastique et sublime, semblable à mille démons
Qui fondent sur les maisons et font trembler les nues !

 
Dans un ciel assombrit, déchiré par l'éclair,
Le vent et le tonnerre font plier les grands arbres,
Ballottant les oiseaux qui cherchent un repaire.
Neptune et Jupiter, ont réuni leurs armes !

 
L'homme seul, au milieu des éléments déchaînés
Doit lutter pour sa vie et sauver son bateau,
Face aux furies infernales si déterminées,
Qui veulent à tout prix : l'emmener au fond des eaux...

 
Pauvres marins luttant contre : vague et orages,
Il vous reste " un ami - un guide sur la terre "
Debout sur les rochers, tout au bord du rivage,
Un ange solitaire scintille dans les ténèbres.

 
Seul, Stoïque, le gardien de phare - coupé du monde,
Assume et reste là... pour que les autres vivent !
Harcelé de milliers de lames qui l'inondent,
L'encerclent, l'agrippent et meurent en vaines offensives !

 
Là où finit la terre, la mer a son royaume !
Belliqueuse : elle monte jusqu'au toit des maisons
Elle envahit les quais, et roule sur les chaumes,
Bousculant sur la digue les curieux de saison.

 
Le port avec ses rues sont recouverts d'écume,
Comme en pleine montagne, on marche dans la neige !
La mer est mécontente et montre sa rancune,
Mais les vieux loups de mer, connaissent bien son manège !

 
Déesse irascible, elle veut des sacrifices...
En sortant de son lit, comme une amante cruelle,
Elle emporte avec elle les meilleurs de nos fils !
Mais qui oserait dire : que la mer n'est pas belle ?...

(Jean-Claude Brinette)

 Nouveau : la version animée PPS de Jacqueline Zauli :
Animation : Quand la mer se déchaîne
(Cliquez sur le lien pour démarrer l'animation)

 

 

33.  LA MER, LE SOIR   (Jean Richepin)

 

1.
Dans le silence
Le bateau dort,
Et bord sur bord
Il se balance

 
2.
Seul à l'avant
Un petit mousse
D'une voix douce            
Siffle le vent

 
3.
Au couchant pâle
Et violet
Flotte un reflet
Dernier d'opale.

 
4.
Sur le flots verts,
Par la soirée
Rose et moirée
Déjà couverts

 
5.
Sa lueur joue
Comme un baiser
Vient se poser
Sur une joue

 
6.
Puis brusquement,
Il fuit, s'efface
Et sur la face
Du firmament

 
7.
Dans l'ombre claire,        
On ne voit plus
Que le reflux
Crépusculaire

 
8.
Les flots déteints
Ont sous la brise
La couleur grise
Des vieux étains.

 
9.
Alors la veuve
Aux noirs cheveux
Se dit : - je veux
Faire l'épreuve

 
10.
De mes écrins
Dans cette glace.          
Et la nuit place
Parmi ses crins,
11.
Sous ses longs voiles
Aux plis dormants
Les diamants
De ses étoiles.

(la Mer)

 

 

 

34. Junge, Komm Bald Wieder - Freddy Quinn -

Mon enfant reviens vite - traduction en français, rythmée
sur la musique d'origine par Jean-Claude Brinette

 

Junge, komm bald wieder, bald wieder nach Haus....        
Junge, fahr nie wieder, nie wieder hinaus.
Mon enfant reviens VITE, VITE à la Maison
Petit, ne pars plus jamais, plus jamais si loin.
Ich mach mir Sorgen, Sorgen um dich.
Denk auch an morgen, denk auch an mich.
J'ai de la peine, tant d' soucis pour toi
Pense donc à demain et pense à moi !!!
Junge, komm bald wieder, bald wieder nach Haus....        
Junge, fahr nie wieder, nie wieder hinaus.
Mon enfant reviens VITE, VITE à la Maison
Petit, ne pars plus jamais, plus jamais si loin.
Wohin die Seefahrt mich im Leben trieb,
ich weiß noch heute, was mir Mutter schrieb.
In jedem Hafen kam ein Brief an Bord.
Und immer schrieb sie:
"Bleib nicht solange fort: "
Partout où la mer m'a appellé dans ma vie
Je me rappelle toujours ce que Mère m'écrivait
Dans chaque port une lettre montait à bord
Et TOUJOURS elle écrivait :
"Ne reste donc pas longtemps si loin "
Junge, komm bald wieder, bald wieder nach Haus....
Junge, fahr nie wieder, nie wieder hinaus.
Mon enfant reviens VITE, VITE à la Maison
Petit ne pars plus jamais, plus jamais si loin !
Ich weiß noch, wie die erste Fahrt verlief.
Ich schlich mich heimlich fort, als Mutter schlief.
Als sie erwachte war ich auf dem Meer.
Im ersten Brief stand:
"Komm doch bald wieder her."
Je me rappelle encore du premier départ
Je m'suis échappé quand Mère dormait
Quand elle s'est réveillée, j'étais sur mer
Sa première lettre disait :
" Reviens au plus vite ici "
Junge, komm bald wieder, bald wieder nach Haus....
Junge, fahr nie wieder, nie wieder hinaus.
Mon enfant reviens VITE, VITE à la Maison
Petit ne pars plus jamais, plus jamais si loin
Ich mach mir Sorgen, Sorgen um dich.
Denk auch an morgen, denk auch an mich.
J'ai de la peine, tant d'soucis pour toi
Pense à demain et pense aussi à moi !!
Junge, komm bald wieder, bald wieder nach Haus....
Junge, fahr nie wieder, nie wieder hinaus.
Petit reviens VITE, VITE à la Maison
Petit ne pars plus jamais, plus jamais si loin….

 

[Image]

 

Freddy Quinn

[Image]

Lien sur Youtube pour voir la chanson

Nouveau : la version animée PPS de Jacqueline Zauli :
Animation : Mon enfant, reviens vite
(Cliquez sur le lien pour démarrer l'animation)

 
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