CINQUIEME PARTIE :

HERODE  - ROI  DES  JUIFS
   SOUS   LE  REGNE  D'AUGUSTE  

   32.  La rencontre d'OCTAVE et d'HERODE

   33.  L'assassinat de MARIAMNE et d'ALEXANDRA

   34.  L'exécution du deuxième époux de Salomée

   35.  Les GRANDS TRAVAUX d'HERODE le GRAND

   36.  Sous le Règne d'HERODE le Grand

   37.  HERODE : ami d'AGRIPPA - Gouverneur d'Orient  

   38.  Intrigues dans la FAMILLE ROYALE

   39.  HERODE profane le TOMBEAU DU ROI DAVID

   40.  Dans la CHAMBRE DE TORTURE D'HERODE

   41.  HERODE dans la disgrâce d'AUGUSTE

   42.  HERODE exécute Alexandre et Aristobule

 

32.  La rencontre d'OCTAVE et d'HERODE

 

Peu de temps après la mort d'Hyrcan, Hérode se décida d'aller à la rencontre d'Octave le Maître de Rome qui se trouvait justement à Rhodes.

Hérode avait très peur que le vainqueur Octave ne lui reproche son grand attachement à son ami Antoine et il craignait même qu'Alexandra ne profite de son absence pour soulever le peuple contre lui. Aussi avant de partir il prit ses précautions habituelles :

Ayant tout réglé, Hérode s'embarqua pour Rhodes rejoindre Octave qui devait le recevoir paré de ses habits royaux, mais sans sa couronne. Mais au lieu de s'excuser et de demander pardon à l'empereur de sa précédente collaboration avec Antoine, Hérode lui donna raison de sa conduite et ne manifesta aucune crainte. Calmement il expliqua :

Et il ajouta :

Octavien était généreux et admirait le courage et l'éloquence. Il témoigna d'abord sa reconnaissance à Hérode pour avoir assisté Lépide auprès de divers princes. Ce n'est pas en vain que le futur Auguste a reçu peu de temps après le titre et la mention de " Maître et grand Pacificateur. " Octave aspirait à un règne de paix et voici en substances ce qu'il répondit :

Comblé par tant de grâces inespérées Hérode accompagna Octave jusqu'en Egypte et combla les dignitaires qui entouraient l'empereur de cadeaux magnifiques dont certains étaient au-dessus de ses moyens.

Hérode sollicita encore la grâce d'Alexandre, l'ami d'Antoine, mais il ne put l'obtenir, car 0ctave avait fait voeu de ne pas l'accorder. Cet accroissement d'honneur et d'autorité étonna fort ceux qui s'attendaient à le voir revenir en Judée destitué et abaissé.

Lorsque OCTAVE passa de Syrie en Egypte, Hérode le reçut avec une magnificence incroyable, à laquelle il ajouta un cadeau de huit cent talents-or, puis il distribua des vivres en abondance pour toute l'armée romaine. Ce qui fit dire aux romains que la grandeur de son âme l'élevait beaucoup au-dessus de sa couronne et que nul autre ne le surpassait en magnificence et en libéralités.

 

 
L'Empereur Octave Auguste

 

33.  L'assassinat de MARIAMNE et d'ALEXANDRA

 

Hérode rêvait de jouir d'une paix et d'un repos bien mérité lorsqu'il revint enfin à Jérusalem, mais il ne rencontra que des troubles et de l'agitation dans sa propre famille dont les auteurs étaient Mariamne et Alexandra. Ces princesses se plaignirent non sans raison qu'elles avaient été mises dans le Château fortifié d'Alexandrion non pas pour des raisons de sûreté, mais pour être des prisonnières puisqu'elles n'avaient même pas le droit de sortir ou de disposer de quoi que ce fût.

Mariamne pensait de plus en plus que l'amour d'Hérode n'était que comédie qui n'était utile qu'à ses affaires et comme elle n'avait pas oublié l'ordre donné à Joseph elle pensait avec horreur que si son époux devait mourir, elle ne pourrait jamais lui survivre.

C'est pourquoi elle essaya de gagner ses gardes à sa cause et en particulier Sohème car c'est de lui que dépendait sa mort ou sa vie.

Au début il demeura très fidèle à Hérode, mais peu à peu il se laissa gagner par les cadeaux que lui firent les deux princesses. Puis il se mit à imaginer différentes possibilités pour l'avenir :

Toutes ces considérations et biens d'autres firent qu'un moment donné Sohème leur confia le cruel destin qu'Hérode avait ordonné en cas de non retour.

Mariamne fut outrée de dépit et de colère de voir qu'il n'y avait pas de bornes à ses maux. Elle commença à haïr son époux et rien ne lui parut plus insupportable que de passer sa vie avec lui. Ces sentiments firent une telle impression sur son esprit qu'elle n'arriva bientôt plus à les dissimuler.

Le succès d'Hérode ayant surpassé toutes ses espérances, la première chose qu'il fit en arrivant fut d'aller voir Mariamne, de l'embrasser et de lui dire, comme à la personne que l'on aime le plus au monde de quelle manière il avait si brillamment réussi. Et pendant qu'il lui parlait elle ne savait si elle devait se réjouir ou s'affliger et ses soupirs laissaient entrevoir sa peine.

Hérode comprit rapidement que Mariamne avait au fond de son âme une aversion naturelle contre sa personne et il se demanda si tout son amour suffirait pour rendre ce mépris supportable ?

Lorsque la mère et la soeur d'Hérode qui avaient pour Mariamne une haine mortelle, le virent en cette agitation, elles pensèrent que le moment était venu pour la perdre. Il n'y eut point de calomnies dont elles ne se servirent pas pour augmenter l'indignation et la jalousie de leur prince. Il les écoutait et semblait même approuver leurs argumentations, mais malgré cela il ne pouvait se résoudre à faire mourir la personne qu'il aimait plus que sa vie.

Enfin l'amour de ce prince se changea en haine et il était sur le point d'exécuter son terrible projet, s'il n'avait apprit qu'Octave s'était à nouveau entièrement rendu maître de l'Egypte. Cette nouvelle l'obligea à tout quitter pour aller à sa rencontre.

A nouveau il recommanda Mariamne à Sohème et pour le remercier de tous les soins qu'il avait eut pour elle, il le nomma à un poste de gouverneur dans la Judée.

Comme Hérode était maintenant devenu l'ami de l'empereur, Octave lui rendit de nombreux honneurs et lui fit de nombreux cadeaux :

Tous ces dons avaient considérablement agrandis le royaume d'Hérode. En subalterne reconnaissant il accompagna Octavien à Antioche avant de revenir à Jérusalem où il alla voir Mariamne. Mais cette princesse qui était sage et très chaste ne pouvait plus le voir qu'avec mépris et railleries offensantes sans aucun respect pour son rang. De même elle ne se gênait pas pour rappeler à sa mère et à sa soeur Salomée leur manque de noblesse et la bassesse de leur origine.

Une année s'était écoulée depuis le moment où Hérode avait rencontré 0ctave, mais depuis ce temps le palais se remplissait chaque jour davantage d'une atmosphère malsaine chargée de haine et de jalousie.

Et bientôt les choses se précipitèrent :

Alors qu'Hérode s'était retiré dans sa chambre pour faire sa sieste il fit venir Mariamne qu'il ne pouvait s'empêcher d'aimer avec passion. Elle vint le rejoindre, mais ne se laissa pas approcher. Soudain elle lui reprocha la mort de son père et de son frère par des paroles si offensantes qu'il fut tenté de la frapper. Sur ce Salomée sa soeur, ayant entendu leur dispute fit entrer un échanson dans ses appartements pour le rendre complice dans son intrigue devant aboutir à faire mourir sa belle soeur.

Cet échanson alla voir Hérode en lui disant que la reine Mariamne lui avait offert une grande récompense s'il arrivait à faire boire un certain breuvage au roi. Hérode lui demanda de quel breuvage il s'agissait ? Il répondit que seule la reine savait la nature du contenu qu'elle voulait faire boire à son mari et qu'il se sentait obligé d'en parler immédiatement à sa majesté.

Hérode fut si troublé de ces aveux incomplets qu'il fit soumettre à la torture appelée question, un eunuque de Mariamne auquel la reine faisait toutes ses confidences. Cet homme ne confessa rien, si ce n'est qu'au milieu des tourments il lui échappa de dire que la haine de Mariamne venait de ce qu'elle avait appris de Sohème.

A ces mots Hérode entra dans une rage folle et il jura que Sohème n'aurait jamais pu lui livrer ce secret sans avoir préalablement abusé d'elle. Il fit immédiatement tuer son ami le plus fidèle. Quant à la reine il voulut la faire juger et fit venir tous ses sujets à qui il se confiait le plus et il commanda à sa femme de se défendre.

Mariamne fut donc accusée de tentative d'empoisonnement, mais au lieu de garder son calme Hérode se laissa emporter avec tant de véhémence que tous les juges crurent préférable pour leur intérêt de condamner à mort l'innocente reine... On voulut garder la reine dans la prison du palais, mais Salomée et les siens intervinrent en faisant croire à Hérode que le peuple se soulèverait dès qu'il apprendrait la nouvelle de la condamnation et que pour y parer il valait mieux l'exécuter le plus tôt possible.

Alexandra qui avait peur d'être traitée aussi inhumainement que sa fille oublia sa fierté et son courage l'interpella outrageusement devant l'assemblée des juges en jurant qu'elle n'avait point de part à la faute de sa fille. Elle l'accusa d'être une méchante et une ingrate indigne du grand amour (!) que le roi lui portait et que c'était justice d'être punie pour un aussi grand crime. Elle fit même semblant de vouloir se jeter sur sa fille pour lui arracher les cheveux, mais personne ne fut dupe de cette comédie.

Mariamne s'était cloîtrée dans un silence absolu. Son regard de pitié attristée pour sa mère fut le plus éloquent des discours, la bassesse de sa mère lui faisait honte. Jusqu'au dernier moment elle conserva sa dignité et sa pieuse générosité qu'elle avait exercée durant tout le cours de sa vie.

Mariamne avait donné à Hérode cinq enfants : deux filles et trois fils. Le plus jeune mourut à Rome où il avait été envoyé pour apprendre les sciences. Hérode fit donner aux deux autres une éducation à la méthode royale d'abord parce qu'ils étaient princes par leur mère, ensuite parce qu'ils étaient nés, après que leur père fut nommé roi.

Après la mort injuste de leur mère, les fils héritèrent de la haine de Mariamne et considérèrent leur père comme leur plus grand ennemi.

Aussi violente que fut la passion jalouse qu'il avait pour son épouse durant sa vie, elle se décupla encore plus après sa mort, car il l'aima jusqu'à la folie, malgré sa façon très désobligeante dont elle le traitait, il ne pouvait s'empêcher de l'aimer toujours.

Dès qu'elle ne fut plus de ce monde il crut que Dieu lui redemandait son sang. On l'entendit à toute heure de la nuit prononcer son nom, il se plaignait d'une manière indigne pour un roi et il cherchait en vain dans les festins et autres divertissements un soulagement à sa douleur. Mais cette douleur augmenta et bientôt il ne s'occupa plus des affaires du royaume, il parlait d'elle et commandait à ses gardes de la chercher comme si elle était encore en vie.

Et dans les mois qui suivirent il arriva une terrible peste sur la Palestine qui emporta une grande partie du peuple et de nombreux notables, c'était comme si Dieu avait envoyé un terrible fléau pour punir ce peuple de l'injuste condamnation de Mariamne.

C'était plus qu'Hérode ne pouvait en supporter, c'est pourquoi il alla se cacher au désert dans la solitude des Monts de Samarie pour s'abandonner au désespoir en prétextant d'aller à la chasse.C'est là qu'il tomba si malade que les médecins abandonnèrent les soins et allèrent même jusqu'à diagnostiquer sa mort prochaine. Les remèdes étaient sans effet et il avait de si violentes douleurs à la tête qu'elles lui troublaient l'esprit. Aujourd'hui certains médecins ont assimilé ce mal à des accès de fièvre typhoïde !

Dès qu'Alexandra apprit sa grave maladie et son état très critique, elle essaya de mettre la main sur les deux plus grandes forteresses de Jérusalem. Mais les gouverneurs refusèrent de croire qu'Hérode était mourant et affirmèrent qu'il se rétablirait très vite. L'un d'eux Achiab, était le neveu d'Hérode. Il haïssait Alexandra et il envoya immédiatement un messager à Hérode, qui informé du complot commanda aussitôt de faire mourir sa belle-mère (la fille d'Hyrcan II).

Après bien des semaines Hérode arriva lentement à se rétablir. Mais lorsqu'il reprit ses esprits il fut animé d'une colère si farouche qu'il s'emportait violemment dans les moindres occasions.

Il n'épargna même pas ses amis intimes et fit mourir : Costobare, Lysimachus, Gadias (également surnommé Antipater) et Dosithée.

 

34.  L'exécution du 2ème époux de SALOMEE

 

Costobare était le fils d'une grande maison de l'Idumée dont les ancêtres avaient été les sacrificateurs de COSAS : le dieu que ces peuples adoraient avant qu'Hyrcan 1er ne les obligeât à se convertir !

Dès qu'Hérode accéda au titre de roi, il fit nommer COSTOBARE comme gouverneur de l'Idumée et de Gaza, mais puisqu'il avait déjà tué Joseph le premier mari de Salomée, il lui donna sa soeur en mariage.

Mais Costobare ne se montra pas reconnaissant, il coupa son amitié avec Hérode et proposa à Cléopâtre sa soumission si elle l'aidait à s'affranchir de la tutelle des juifs. Mais Antoine résista aux prières de Cléopâtre qui ne s'intéressait à l'Idumée uniquement pour deux raisons :

Hérode aurait déjà fait mourir Costobare cet ingrat sans les prières de Salomée et de Cypros, aussi il se contenta provisoirement de le surveiller et de lui retirer sa confiance. Mais un jour une querelle surgit entre Costobare et sa femme Salomée qui lui envoya une lettre de divorce ce qui était contraire à la Loi Juive qui réservait l'usage de cette lettre uniquement aux hommes et interdisait même aux femmes répudiées de se remarier, sans leur consentement.

Ensuite elle alla trouver le Roi son frère et lui dit que c'était par affection pour Hérode qu'elle était obligée de quitter son mari, car elle aurait découvert qu'il conspirait contre son service avec l'autre Antipater, Lysamachus et Dosithée. Afin de lui donner une preuve , elle ajouta qu'il donnait depuis douze ans asile aux enfants de Babas à qui il avait sauvé la vie.

Les fils de Babas étaient des anciens chefs partisans de la résistance d'Antigone et ils avaient activement participé à la défense de la ville assiégée par les romains et les partisans d'Hérode lors du 2ème siège de Jérusalem. Voyant que la ville était affamée et lasse de lutter, Hérode adressa au peuple une proposition d'amnistie sous réserve qu'on ouvre les portes aux armées romaines et qu'on reconnaisse sa royauté. La majorité aurait accepté mais les fils de Babas s'y opposèrent parce qu'ils préféraient être gouvernés par un prince de sang royal, plutôt que par Hérode qu'ils considéraient comme un usurpateur.

Quand Hérode eut pris la ville aux côtés des romains, il ordonna à Costobare de garder les avenues afin que les partisans rebelles ne puissent pas s'enfuir, mais Costobare qui connaissait la haute estime que le peuple portait aux fils de Babas, il pensa qu'il était de son intérêt de les garder en cas de changement politique. Il les laissa donc s'enfuir, puis il leur donna asile sur ses terres.

Hérode s'en douta à l'époque lorsqu'il lui demanda où étaient passés en particulier ces chefs insurgés, Costobare affirma sous serment qu'il n'en savait rien ! Heureusement pour lui, Hérode avait encore de nombreux soucis à régler et il classa cette affaire au second rang...

Hérode avait bien lancé un avis public de recherche au son de la trompette où il promettait une belle récompense à qui permettrait leur capture. Mais Costobare ne confessa rien, pour éviter de passer pour un parjure il continua à les cacher en lieu sûr.

Après douze ans de vie commune Salomée dévoila à Hérode l'endroit où s'étaient réfugiés les fils de Babas et leur famille. Hérode ordonna donc l'exécution de Costobare et fit tuer tous les enfants et petits enfants de Babas et tous ceux présumés complices de cette trahison. De sorte qu'ayant éliminé tous les enfants de descendance asmonéenne personne n'osât plus résister à sa volonté, ni comploter contre lui.

 

  35.  Les GRANDS TRAVAUX D'HERODE le GRAND    

 

AN -28 Octave reçoit le titre de " Princeps sénatus " au Sénat

AN -27 Octave reçoit le " cognomen Augustus " et prend le nom : " d'AUGUSTE le révéré "

En Palestine Hérode exerçait un pouvoir absolu en disposant désormais seul des pleins pouvoirs, c'est pourquoi il ne se gêna même pas de réformer certaines lois juives données au temps de l'Exode.

Il commença par instituer des jeux de lutte et de course en l'honneur d'Auguste renouvelables tous les cinq ans, pour cette occasion il fit construire un grand théâtre dans Jérusalem et un grand amphithéâtre dans les faubourgs de la ville.

Ces deux édifices étaient superbes mais contraires aux moeurs juives qui ne permettaient pas aux juifs d'assister à leurs représentations. Comme Hérode voulait rendre ces jeux très célèbres, il les fit publier non seulement dans les provinces voisines, mais aussi dans les contrées les plus éloignées en y ajoutant la promesse de grandes récompenses pour ceux qui remporteraient la victoire.

On vit ainsi arriver des lutteurs, des cavaliers, des coureurs de chars, des athlètes et des musiciens de tous pays. Ces jeux étaient magnifiques car Hérode mettait tout son savoir pour les rendre les plus attrayants et les plus beaux du monde méditerranéen. A la manière de Rome Hérode fit venir une quantité de bêtes sauvages et affamées qui luttaient tantôt entre elles, tantôt contre des hommes condamnés à mort. Il y avait également des numéros avec des bêtes dressées comme des ours, des singes ou des éléphants avec leur dompteur.

Le théâtre était environné d'inscriptions à la louange et à la gloire d'Auguste et on y avait érigé les trophées des nations vaincues par lui. Les spectateurs se côtoyaient en habits d'apparat avec de riches ornements d'or, d'argent et de pierres précieuses.

Hélas les juifs acceptèrent très mal cette corruption de la discipline exigée par leurs ancêtres et en particulier les combats où des hommes étaient exposés à la fureur des bêtes sauvages qui les dévoraient souvent devant une foule de voyeurs venus pour voir couler le sang. Bientôt ils prirent ces coutumes étrangères en horreur et ne considérèrent plus Hérode comme leur roi, mais comme leur ennemi et résolurent de tout faire pour n'avoir plus à supporter ce grand mal.

Dix d'entre eux, méprisant le danger, cachèrent des poignards sous leur tunique et allèrent au théâtre dans l'espoir de tuer Hérode ou plusieurs de ses compagnons dans la conviction que leur mort servirait d'exemple. Hélas un garde d'Hérode eut vent du complot et alla avertir immédiatement le roi qui le crut, puisqu'il connaissait la haine du peuple juif à son égard. Hérode se retira dans son palais et fit arrêter les membres du complot qui n'opposèrent aucune résistance.

Ils moururent sans désavouer leurs intentions au contraire ils firent de leur mort une profession de foi pour leur peuple. Ils acceptèrent avec une sainte endurance tous les tourments qu'on leur fit souffrir. Quant au délateur, le peuple furieux le mit en pièces et le donna à manger aux chiens. Hérode chercha les responsables de ces actes mais personne ne voulut les dénoncer exceptés quelques femmes que la violence des tourments contraignit à confesser. Hérode fit saisir les meneurs et les fit mourir avec toutes leurs familles.

 

SES  DIX  OEUVRES  LES  PLUS  IMPORTANTES :

 

Si l'on se place sur le plan de l'architecture Hérode n'a pas volé son qualificatif de " le Grand " car il construisit et fortifia de nombreuses villes et entoura le pays de nombreux points stratégiques dont notamment les deux forteresses de Jérusalem :

1. L'une était son palais royal qu'il fit construire dans le lieu le plus élevé de  Jérusalem où il s'aménagea deux appartements si riches et si admirables que Flavius affirma qu'il n'y avait point de temples qui puissent leur être comparés. Il nomma l'un Césarion en l'honneur de César Auguste et l'autre Agrippion en l'honneur du général Agrippa.

2. L'autre était l'ancienne forteresse Bari - ANTONIA construite contre le mur mitoyen du temple. Il l'avait rebaptisé ainsi en hommage à son ami Antoine. Il en avait fait rehausser les murs afin de pouvoir mieux surveiller le temple par une vue surplombant les cours et les parvis et pouvoir ainsi écraser dans l'oeuf tout début de révolte.

3. Il fit fortifier la ville de SAMARIE parce que ses habitants haïssaient comme lui les juifs de Jérusalem, surtout depuis que les deux fils d'Hyrcan 1er avaient rasé leur temple et détruit la ville.

4. Il fit transformer toute la ville de SAMARIE qui est bâtie sur une colline et il lui donna le nom de SEBASTE qui est la traduction du grec " Augusta."

Au centre de cette ville il fit construire un vaste temple, dont la principale cour intérieure mesurait un stade et demi ! Il consacra également ce temple à Auguste le révéré. Très vite, la population atteignit six mille habitants parce que Hérode leur avait donné de bonnes terres à cultiver et même des privilèges sur leurs impôts.

Les samaritains avaient adopté Hérode qui pouvait s'y promener plus tranquillement qu'à Jérusalem. Car les pratiquants juifs de Jérusalem les évitaient en les considérant comme des demi-juifs et des étrangers. Il ajouta de nouvelles murailles aux anciennes ce qui porta l'enceinte de la ville à vingt stades (= 4 100 M.)

5. En remerciement des nombreux territoires qu'Auguste avait confié à Hérode, il lui fit construire dans un lieu nommé Panium, situé près des sources du Jourdain juste au pied du Mont Hermon, un nouveau temple d'une beauté incomparable puisqu'il était entièrement taillé et bâti dans le marbre blanc.

6. Près de Jéricho, entre le château de Cypros et les anciennes Maisons Royales, il fit construire deux nouveaux palais royaux qu'il nomma encore une fois Auguste et Agrippa. Dans d'autres provinces il fit construire des temples où il donna ces mêmes noms. Et comme il ne pouvait oublier la mémoire de son frère Phasaël il donna ce nom à une tour de Jérusalem et il fit bâtir du côté septentrion de Jéricho une nouvelle ville qu'il nomma Phasaële.

 

La forteresse de l'Hérodion un des travaux d'Hérode

  

7. " C E S A R E E "

 
Césarée est une ville maritime située au bord de la mer Méditerranée. Lors d'une visite Hérode constata que l'ancienne TOUR de STRATON tombait en ruine tant elle était ancienne. Il ne la fit pas seulement réparer avec des pierres très blanches, mais il y éleva un superbe palais qui deviendra plus tard le palais du Procurateur de Rome. Auparavant cette ville était située sur une côte dépourvue de vrais abris pour les bateaux. Or (précise Josèphe) il y a en cet endroit un vent très violent nommé Africus qui poussait les navires contre les rochers en y occasionnant de très nombreux naufrages...

Mais ce roi si magnifique (ajoute Josèphe en ce passage) se rendit par son art et son amour pour la gloire, victorieux sur la nature en faisant bâtir en l'an -13, à cet endroit un port plus spacieux que celui du Pirée dans lequel les plus grands vaisseaux pouvaient se mettre à l'abri des plus grandes tempêtes. Et comme l'intérieur du port avait par endroit vingt brasses de profondeur, (1 brasse = 2 m 05) il fit combler et aplanir les quais par des pierres dont la plupart avaient cinquante pieds de long, dix de large et neuf de haut !

La moitié de ce môle qui avait deux cent pieds de large, servait à rompre la violence des vagues et sur l'autre moitié il fit bâtir un ensemble de murs avec de nombreuses tours. La plus grande fut appelée Drusus du nom du fils du premier mariage de l'impératrice Livie avec Tiberius, Claudius Nero. ( Son 2èm fils étant Tibère ) L'entrée de la promenade du port était abritée des vents et décorée par trois colosses appuyés sur des pilastres, à proximité se trouvait le quartier des commerçants avec de nombreux grands magasins voûtés et un marché qui était un des plus beaux du monde, à cela il ajouta un théâtre et un amphithéâtre. Après l'avoir baptisé Césarée, il y fit l'ouverture de la 192ème 0lympiade.

Sur une colline, vis à vis de l'entrée du port Hérode fit construire un temple à Auguste d'une remarquable beauté. Devant son entrée il fit ériger deux immenses statues qui surplombaient la région : la première était celle d'Auguste, sa taille était aussi grande que celle de Jupiter Olympien qui lui avait servit de modèle, la seconde était semblable à la Junon d'Argos.

Hérode fit également construire des ensembles de voûtes souterraines qui allaient dans la mer dont une allait du centre ville jusque dans la mer pour y conduire les immondices. Cette canalisation nettoyait automatiquement les rues lors des grandes marées. C'est donc à Césarée que s'installera plus tard l'Etat Major de l'armée romaine.

 

8.  Les deux grands palais royaux de Jéricho

 
A soixante stades de Jérusalem il fit déplacer une grande quantité de terre pour y construire une colline avec un superbe palais auquel il donna son nom. Il environna le sommet de tours de formes arrondies. Il fit également venir de loin à grand prix, une quantité de belles eaux claires qui descendaient en cascade les 200 degrés de marbre blanc. Au pied de cette colline il fit construire un deuxième palais si grand qu'on aurait cru un village, mais à la magnificence des bâtiments on s'apercevait rapidement qu'il s'agissait d'un ensemble cossu et royal. C'est là que Hérode logeait ses amis et ses invités.

 

9.  Les grands ouvrages à l'étranger

 
A Tripoli, à Damas et à Ptolémaïs il fit construire des collèges pour instruire la jeunesse. A Biblis de fortes murailles, à Béryte, et à Tyr des lieux d'assemblées, des magasins publics, des marchés des temples. A Damas et à Sidon des théâtres. Il fit construire des aqueducs pour amener l'eau dans Laodicée et à Ascalon des bains, des fontaines et des portiques en pierre. A Cos, il donna des revenus annuels perpétuels, prêta de l'argent aux rhodiens pour reconstruire leur flotte. Et comme le temple d'Apollon Pythien avait entièrement brûlé, il le fit refaire plus beau qu'il n'était avant.

Il fit également construire des galeries contre la pluie et entièrement paver de marbre blanc la grande place d'Antioche en Syrie

Et lorsqu'il constata en allant à Rome que les jeux olympiques ne pouvaient plus se tenir par manque d'argent, il institua pour la perpétuité un fond spécial finançant à l'avance tous les prix à distribuer aux vainqueurs et désira ainsi " éterniser sa mémoire. "

 

10.  Le temple de Jérusalem

 
Salomon, fils de David avait construit un temple à l'Eternel sur la montagne de Sion à Jérusalem. Ce temple fut presque totalement détruit par Nabuchodonosor qui exila le peuple en Babylonie.

Lorsque Cyrus le perse autorisa le peuple à retourner en son pays, Zorobabel en commença sa reconstruction. Hérode projeta de l'agrandir et de l'embellir comme aucun temple en ces temps ne fut conçu.

Hérode qui s'estimait favorisé de Dieu s'adressa en ces termes à la foule dans la 18è année de son règne ( an -19 de notre ère ) :

Tous furent surpris par ce dessein grandiose et crurent que sa réalisation était un rêve impossible. Et pourtant il employa mille charrettes et dix mille excellents ouvriers et fit surveiller les travaux par un millier de sacrificateurs spécialisés dans la maçonnerie et la charpente.

Il fit démolir les vieux fondements pour les remplacer par de nouveaux sur lesquels il fit bâtir le temple de cent vingt coudées de hauteur mais les fondements s'étant depuis affaissés, cette hauteur se trouva réduite à cent coudées. On utilisa pour cela des pierres longues de vingt cinq coudées, hautes de huit et larges de douze qu'on lia avec du fer et du plomb. ( 1 coudée = 0 m 525 )

Un grand portique était placé au milieu de deux angles. Au-dessus des portiques on pouvait admirer des tapisseries tendues de diverses couleurs, embellies de fleur de pourpre et de branches de vigne d'or avec leurs grappes et leurs raisins.

Chacune des quatre faces avait un stade de longueur. Sur le côté opposé à l'Orient la muraille avait un double porche qui regardait le portail du temple qui était centré sur la façade principale.

Tout le tour du temple était rempli des dépouilles conquises par les juifs sur leurs ennemis et Hérode les consacra à nouveau après y avoir ajouté celles qu'il avait gagné sur les arabes.

Sur le côté du Septentrion se dressait une grande tour fortifiée qui s'appelait la tour de Baris parce qu'on y conservait précieusement l'habit du Grand Sacrificateur qu'il revêtait pour aller offrir des sacrifices à Dieu. Hérode agrandit considérablement cette tour, la rehaussa pour avoir une meilleure vue sur le temple, puis il fit augmenter l'épaisseur des murailles. Pour sa sécurité il fit creuser un tunnel souterrain qui allait de la tour Antonia à la porte du temple où une autre tour fut érigée. En cas de sédition ce passage lui permettait de se retirer du temple sans être agressé.

Du côté de l'occident le temple avait quatre portes. Deux donnaient sur les faubourgs, une sur le palais royal en traversant une vallée et par la quatrième porte on accédait directement dans la ville.

Dans la partie interne des murs entourant le temple Hérode fit bâtir des galeries si larges et si hautes qu'elles surpassaient en art et en beauté toutes celles qui existaient à cette époque.

Deux de ces galeries étaient soutenues par de fortes et épaisses murailles, une troisième galerie au toit triple allait du côté de l'orient à celui de l'occident. Toutes ces galeries étaient soutenues par quatre rangées de colonnes positionnées à égales distances l'une de l'autre avec un mur de pierre sur la partie basse. Il y avait au total cent soixante deux colonnes de style corinthien dont le tour de chacune atteignait vingt sept pieds. Entre ces quatre rangs de colonnes était la galerie triple dont chacune avait trente pieds de large et plus de cinquante pieds de haut... Dans les lambris de ces galeries étaient sculptées des figures allégoriques, or lorsqu'on regardait la voûte centrale de la galerie qui était la plus haute, on n'y distinguait aucune jointure et on aurait pu croire que tout l'ensemble de cet édifice était construit en une seule pierre.

Sur la deuxième clôture qui séparait les lieux saints avec le parvis des gentils on pouvait lire une inscription en grec et en latin

Cette deuxième clôture avait trois portes du côté du midi et du septentrion par laquelle ceux qui étaient purifiés entraient avec leurs femmes, mais il était défendu aux femmes de passer outre.

Quant à l'espace central contenu au milieu des deux enceintes, seuls les sacrificateurs avaient le droit d'y pénétrer car c'est là que se trouvait l'autel des sacrifices.

0n raconte que tout le temps où durèrent les travaux il ne plût jamais la nuit et de ce faite l'avance des travaux ne fut pas arrêtée.

Hérode l'inaugura en faisant sacrifier trois cent boeufs sous les applaudissements et la joie admirative du peuple.

 
 
Le Temple d'Hérode aujourd'hui : la Mosquée d'Omar et
le mur des Lamentations

 

36.  Sous le REGNE d'HERODE

 

En la treizième année du règne d'Hérode (an - 24) la Judée fut affligée de très grands maux, le plus grand fut une terrible sécheresse qui dura plus d'une année. La terre était si aride que toutes les semences qu'on y mit, périrent sans porter de fruits.

Comme les gens mangèrent des nourritures douteuses ils furent très nombreux à tomber malades et comme par enchaînement la peste fit son apparition. De nombreuses personnes très affaiblies moururent.

Cette stérilité de la terre empêcha non seulement les juifs, mais aussi tous les assujettis environnants, de pouvoir payer leurs impôts et leurs tributs. Hérode qui était alors particulièrement serré financièrement à cause des importants travaux en chantier dans tout le pays, prit la décision de faire fondre tout ce qu'il possédait en or et en argent sans même épargner les beaux cadeaux offerts signés par de grands maîtres. Il assembla ainsi une grande somme qu'il envoya en Egypte où Pétrone était le gouverneur d'Auguste.

Malgré que Pétrone était déjà très sollicité par tous les autres pays également touchés par cette extrême sécheresse il s'efforça de répondre au maximum de ses possibilités à la demande de son ami.

A ce moment le peuple tout entier oublia les ressentiments qu'il lui portait à cause de sa mauvaise réputation. Etant soulagé de manière inespérée le peuple reconnut ses efforts et lui donna toutes les louanges que méritait sa bonté.

Hérode fit donc d'abord distribuer la farine aux boulangers afin que toutes les personnes âgées et malades qui étaient dans l'incapacité d'en cuire ne fussent pas oubliées. Une très grande partie du bétail étant mort le peuple manqua de laine, pour y pourvoir son roi fit distribuer des habits chauds à tous ceux qui en avaient besoin, puis il soulagea également les villes de Syrie en leur donnant du blé à semer pour qu'ils puissent faire, la saison venue, une nouvelle récolte qui s'avéra heureusement très abondante.

Ainsi Hérode ne fut pas seulement le bienfaiteur de son royaume en distribuant jusqu'à 80.000 cores de froment, mais aussi des étrangers qui reçurent également 10.000 cores de froment.

Le peuple avait oublié les changements de coutumes, les entorses aux lois juives, les récits d'éliminations des principaux opposants... Pour le moment tout le monde faisait son éloge et lui rendait hommage.

A titre de reconnaissance et d'affection pour Auguste, Hérode envoya à Elius Gallus cinq cent de ses plus vaillants guerriers qui lui rendirent de grands services dans la guerre qu'il faisait au bord de la Mer Rouge.

Pour essayer d'oublier Mariamne Hérode essaya de trouver une nouvelle femme qui lui rendrait toute son affection. On lui avait rapporté que Simon Boethos de la race des sacrificateurs avait une fille d'une beauté si extraordinaire qu'on ne parlait que d'elle dans tout Jérusalem. Il voulut la voir et dès sa première entrevue il en eut effectivement un coup de foudre. Or selon Flavius (Livre 1er ch.18 ) il épousa cette fille Boethos, mais s'obstina de l'appeler du nom de la femme qui hantait sa mémoire : MARIAMNE !...

Mais comme Simon n'était pas de descendance royale, il imagina d'enlever la souveraine sacrificature à Jésus fils de Phabet et de la donner à Simon Boethos qui devint son beau-père peu de temps après. Cette jeune femme lui donna plus tard un fils que Flavius nomme : Hérode (3) qui fut le premier mari d'Hérodiade. (celle qui épousa Hérode Antipas, en deuxièmes noces et exigea la tête de J. Baptiste)

La crainte du châtiment établit une véritable période de paix et de soumission en Palestine. Hérode était à la fois craint et aimé pour son esprit constant de pourvoir à toutes les grandes nécessités de son peuple. Lors de fréquents déplacements il sut même obtenir par sa magnificence et son âme très élevée (!) le coeur des grands.

Auguste ayant envoyé AGRIPPA en tant que Gouverneur d'Asie, Hérode alla le voir à Mytilène et revint à Jérusalem. Comme Hérode avait capturé les hordes de voleurs de Zénodore et que Auguste avait confié à Hérode l'Auranite, pays de Zénodore, celui-ci décida de venir se plaindre à l'empereur Auguste lors de sa venue en Syrie..

An -20 ou 17ème année du règne d'Hérode, Auguste vint en Syrie, et il reçut en audience plusieurs habitants de Gadara et des partisans de Zénodore qui se plaignirent qu'Hérode était un tyran pour eux.

Lorsque les habitants virent qu'Auguste était plutôt du parti d'Hérode beaucoup d'entre eux se tuèrent la nuit suivante. S'étant condamnés eux-mêmes Auguste ne trouva pas de difficulté à absoudre Hérode. Quelques jours après Zénodore mourut d'une dysenterie à Antioche, Auguste donna à Hérode le reste des terres ayant appartenu à Zénodore soit : une partie de la Galilée, la Traconite avec les villes : d'Ulatha et Panéade. En conclusion, Auguste recommanda à tous les gouverneurs de Syrie de ne rien faire sans demander son conseil.

Avant de partir Auguste accorda également à Phéroras le frère du roi le titre de Lieutenant Général du royaume. Hérode le remercia en lui consacrant à Panium, (Liban) un superbe temple en marbre blanc.

Revenu à Jérusalem, Hérode supprima la troisième partie des tributs annuels dans l'espoir que les contribuables puissent se remettre de la grande famine qui les avait frappé. Mais en réalité il voulait surtout se faire pardonner par le peuple pour les grands travaux en construction, contraires à leur religion.

Pour éviter toutes révoltes, il publia un EDIT qui interdisait sous grandes menaces les assemblées de juifs et les grands festins dans Jérusalem. Si quelqu'un contrevenait à cet édit, il se faisait aussitôt arrêter par des espions qui surveillaient en permanence la ville et les grands chemins. Les prisonniers étaient ensuite amenés secrètement jusqu'à la forteresse d'Hyrcania où on les punissait très sévèrement et en cas de récidive on les torturait.

Hérode fit également publier une nouvelle loi qui punissait d'esclavage tous ceux qui perceraient des murs pour pénétrer par effraction dans les maisons afin d'y voler des bijoux ou des objets. Les coupables pris en flagrant délit étaient alors vendus comme esclaves sur les places publiques de pays étrangers.

Cette loi fut trouvée très injuste par les juifs et assimilée à l'action d'un tyran dominé par un orgueil insurmontable, puisqu'elle était contraire aux lois de Moïse qui ordonnait que l'auteur d'un vol ne doive payer que le quadruple du larcin détourné.

Mais la grande différence de peine était qu'un esclave vendu à un à un maître étranger était vendu à vie et ne recouvrait que très rarement sa liberté, alors qu'un esclave juif était libéré tous les 7 ans lors de l'année sabbatique. Une telle condamnation d'hommes juifs à perpétuité pour un petit larcin irrita très fort l'opinion publique.

Hérode ayant décidé de parfaire l'éducation de ses deux fils de la défunte princesse Mariamne : " ALEXANDRE II et ARISTOBULE IV " les envoya à Rome avec ses recommandations à l'Empereur.

Pollion leur avait préparé un très bel appartement, mais lorsque Auguste les vit, il leur en prépara un dans son palais. Flavius écrit que l'Empereur les reçut avec de " singuliers témoignages d'affection " et il laissa à leur père le soin de choisir son successeur.

Deux ans après, Hérode alla à Rome pour faire sa cour à l'Empereur et voir ses enfants qui s'instruisaient dans les lettres. Auguste le reçut avec de grands témoignages d'amitié et lui les rendit pour qu'ils puissent retourner en leur pays. Le peuple se réjouit beaucoup de leur retour, ce qui rendit Salomée encore plus jalouse.

Et comme ils étaient en âge de se marier Hérode leur choisit à chacun une épouse. Alexandre épousa Glaphyra la fille d'Archélaüs 1er roi de Cappadoce, et Aristobule, le puîné fut obligé de marier Bérénice, la fille de Salomée.

 

37.  HERODE ami d'AGRIPPA - Gouverneur d'ORIENT

 

Hérode ayant appris qu'AGRIPPA, l'ami d'Auguste, venait de quitter son poste en Asie pour revenir à Rome, il l'invita à passer par son royaume. Il fut reçu avec une magnificence inimaginable! Après lui avoir fait visiter Sébaste et Césarée, il lui présenta les nouvelles forteresses d'Hyrcania et d'Alexandrion entièrement restaurées.

Ensuite le peuple de Jérusalem mis ses habits de fête pour le recevoir avec des branches de palmier et de grandes acclamations. Agrippa offrit une hécatombe de cent boeufs au temple et un festin à toute la population. Comme l'hiver s'approchait il s'embarqua pour Rome.

Au printemps suivant Hérode apprit qu'Agrippa revenait avec sa flotte vers le Bosphore. Il s'embarqua à son tour avec plusieurs navires pour aller à Lesbos. Mais après avoir contourné Rhodes, une tempête l'obligea d'accoster sur l'île de Chio. Ayant vu que les habitants n'avaient pas les moyens de reconstruire les halles de la ville entièrement ruinées durant la guerre de Mithridate, il donna plus d'argent qu'il n'en fallait pour les reconstruire.

Par temps plus favorable il rejoignit Byzance, puis Synope (ville du Pont) où Agrippa fut surpris de le voir arriver avec sa flotte.

Ce redoublement d'affection contribua à les unir de telle sorte qu'ils étaient toujours ensemble au travail comme dans leurs loisirs. Après quoi ils regagnèrent tous deux Ephèse, puis Samos.

Ils étaient à peine arrivés en Ionie qu'un nombre de juifs vint se plaindre que les privilèges spécifiques aux juifs accordés par Auguste et les précédents gouverneurs romains n'étaient pas appliqués.

On les contraignait d'aller à la guerre, de contribuer aux charges publiques et de comparaître en leurs jours de fêtes devant leurs juges, de plus on les empêchait d'envoyer à Jérusalem l'argent destiné aux saints usages. Hérode missionna un de ses amis : Nicolas de Damas pour plaider leur cause auprès d'Agrippa :

Qu'y a-t-il de plus doux dans la paix dont on jouit sous l'Empire romain que la liberté de vivre selon les lois de son pays ? Ils veulent donc imposer aux autres un joug qu'ils ne peuvent porter comme s'il y avait moins d'impiété à nous empêcher de rendre à Dieu le culte auquel notre religion nous oblige, qu'à manquer eux-mêmes aux devoirs auxquels leur religion les engage.

La seule chose que nous demandons est de n'être point troublés dans l'exercice de notre religion. Peut-on avec justice nous le refuser ? Car Dieu n'aime pas seulement ceux qui lui rendent de l'honneur, il aime aussi ceux qui permettent qu'on lui en rende.

Le septième jour est pour nous un jour de repos, nous l'employons pour apprendre et étudier nos lois et nous sommes persuadés qu'elles sont utiles pour corriger nos défauts et nous porter à la vertu.

Quant à ceux qui volent par un horrible sacrilège l'argent que nous donnons pour être employé au service de Dieu. Ils font sur nous des impositions dont nous sommes exempts et ils nous obligent de paraître devant des juges pour des affaires temporelles dans le but de nous troubler dans l'exercice de notre religion.

Donc s'il vous plaît Seigneur, délivrez-nous d'une telle oppression, empêchez par votre autorité qu'on ne nous trouble plus à l'avenir dans l'observation de nos lois et faites que ceux qui nous haïssent n'aient plus de pouvoir de répression sur nous.

Agrippa répondit favorablement à leur demande à double titre :

D'abord parce que leur revendications étaient fondées puisque César les avait déjà fait ratifier par un arrêt du Sénat, ensuite pour l'amitié qu'il avait avec Hérode, roi des juifs en sa compagnie.

Puis les deux princes se quittèrent après biens des témoignages d'affection et Hérode se dirigea sur Jérusalem en passant par Césarée.

 


Buste d'Agrippa

 

38.  Intrigues dans la FAMILLE ROYALE

 

Pendant qu'Hérode était parti visiter Agrippa la division s'accentua dans le palais d'Hérode. Les jeunes Alexandre et Aristobule qui s'estimaient contraints de vivre avec ceux qui avaient diffamés et fait mourir leur mère Mariamne ne parlaient plus à leur oncle Phéroras et à leur tante Salomée que de manière offensante. Salomée qui avait réussit son complot contre Mariamme voulait aussi faire périr ses enfants. Comme en telles situations les spectateurs de combats préfèrent soutenir les gens défavorisés dans une partie inégale, toute la ville de Jérusalem penchait avec compassion pour les deux enfants oppressés par la famille d'Hérode.

A peine Hérode fut-il rentré de son voyage en Asie (Turquie) que Phéroras et Salomée vinrent lui dirent en secret qu'il avait tout à craindre de ses deux fils de Mariamme, qui voulaient venger la mort de leur mère. Ils ajoutèrent malicieusement qu'ils espéraient par le moyen d'Archélaüs, roi de Cappadoce, obtenir une audience chez Auguste pour l'accuser de complot devant lui.

Hérode après avoir mûrement réfléchi résolu de faire venir l'aîné de ses fils en vie, nommé Antipater III, fils de Doris l'iduméenne, non pas dans le dessein de lui donner une entière autorité, mais dans l' espoir de réprimer l'insolence des deux fils de Mariamme et de les obliger à mieux rechercher ses faveurs en leur démontrant qu'ils y avait d'autres enfants prétendants à la succession sur le trône.

Les deux frères devinrent jaloux à leur tour contre Antipater qui se gonfla d'orgueil et ce fut le commencement d'une plus grande rivalité qui engendra encore plus d'intrigues et de médisances.

Antipater commença par chercher la confiance des gens de la cour d'Hérode qui jouissaient de ses faveurs qui ne se contentèrent pas de rapporter tous les faits et paroles des deux enfants de Mariamme, mais ils en ajoutèrent pour déformer la vérité.

Sur les instances d'Antipater III Hérode voulut leur donner une leçon aux enfants de Mariamne : il donna la place de première favorite, qu'occupait auparavant dans son palais Mariamme (1), à Doris la mère d'Antipater.

Et lorsque Agrippa retourna à Rome il lui confia le jeune Antipater avec une lettre pour l'Empereur, en demandant à son ami Agrippa de le lui présenter et de le recommander vivement à Auguste.

Ce voyage à Rome fut très honorable pour Antipater, mais comme il souffrait de ne pouvoir calomnier ses frères et de peur qu'ils ne remontent dans l'estime d'Hérode, il envoya à son père de nombreuses lettres dans lesquelles il ne cessait d'aigrir son esprit. Il réussit si bien dans cette manoeuvre qu'Hérode finit par perdre son affection pour ses deux enfants nés de Mariamme et il les considéra bientôt comme ses adversaires et ses ennemis. A un tel point qu'un jour il décida d'emmener avec lui ses deux princes afin de les accuser devant Auguste d'un esprit de vengeance visant à haïr et à éliminer leur père afin de venger la mort de leur mère Mariamne.

Auguste en ce moment ne se trouvait pas à Rome mais à Aquilée. Hérode accusa ses deux grands fils devant l'empereur de complot et d'horrible impiété causée par un excès de fureur qui lui portait à son coeur de père, une extrême affliction.

Il s'interrogea pour quelles raisons ces enfants dénaturés pouvaient se plaindre puisqu'il leur avait donné non seulement tout ce qui leur était nécessaire, mais encore la magnificence et le plaisir du palais royal.

Durant tout ce discours les fils n'avaient pu retenir leurs larmes mais à peine eut-il fini qu'ils fondirent en pleurs, non pas uniquement parce qu'ils étaient innocents du crime dont on les accusait mais parce que c'était leur propre père qu'ils les convainquait de crime et que par respect pour lui ils n'osaient pas lui répondre.

Alors Alexandre l'aîné prit la parole pour répondre à son père :

Auguste comprit en regardant le visage d'Hérode qu'il croyait lui-même avoir quelques raisons de s'excuser pour avoir trop légèrement et sans preuve ajouté foi aux rapports qu'on lui avait faits. Il les déclara innocents des crimes dont on les avait accusés.

Hérode les embrassa avec tant de témoignages d'affection et de tendresse que tous ceux qui étaient présents en furent touchés et Antipater fit semblant d'être bien aise de la réconciliation de ses frères avec leur père.

Quelques jours après, Hérode fit un présent de trois cent talents à Auguste qui donnait alors des spectacles et des largesses au peuple romain, puis l'empereur accorda à Hérode la moitié des revenus de l'île de Chypre et la Direction de l'autre moitié. Il lui permit non seulement de léguer son royaume à son fils préféré et même de le scinder en deux parties s'il le voulait.

Hérode ayant apprit que la Traconite, qui est une partie importante de la Judée s'était révoltée en son absence, retourna d'urgence en Judée avec ses trois enfants. En arrivant il apprit que les chefs de son armée avaient déjà remis de l'ordre dans le pays.

En arrivant à Eleusa en Cilicie, que l'on nomme également Sébaste, il rencontra Archélaüs, roi de Cappadoce qui le reçut lui et ses trois enfants avec beaucoup d'honneur. Il fut bien aise de voir que qu'Alexandre son gendre et son frère Aristobule s'étaient si bien justifiés des présomptions de crime portées contre eux et qu'ils s'étaient réconciliés avec leur père. Après s'être échangés de grands présents Hérode rejoignit Jérusalem où il exhorta le peuple à vivre dans la paix et annonça que lorsqu'il serait mort Antipater, (puis dans l'ordre) Alexandre et Aristobule régneraient à sa place. Ce qui n'enchanta pas la foule de se voir à nouveau gouvernée par le descendant d'un couple iduméen, alors que les vrais descendants de sang royal asmonéen ne venait qu'en 2è et 3è position...

En l'an -9 de notre ère qui était aussi la vingt huitième année du règne d'Hérode il inaugura solennellement Césarée et y organisa la 192ème 0lympiade et ordonna que ses jeux se répéteraient tous les 5 ans. Pour contribuer à cette fête l'impératrice Livie lui envoya des cadeaux d'une valeur de cinq cent talents pour récompenser les vainqueurs.

 

39.  HERODE profane le TOMBEAU du ROI DAVID

 

Comme les dépenses excessives faites par Hérode, tant dans son royaume qu'à l'étranger, avaient épuisé ses finances et qu'il savait que son prédécesseur Jean HYRCAN 1er avait pour des besoins urgents de trésorerie, fait ouvrir le tombeau du Roi David pour en retirer trois mille talents d'argent, il crut qu'il en restait suffisamment pour ses besoins. Après avoir longuement hésité parce qu'il savait que le peuple l'accuserait de profanateur sacrilège, il prit la décision de le faire ouvrir en secret, la nuit.

Il y pénétra donc avec ses amis les plus intimes et n'y trouva plus d'argent, mais beaucoup de vases et d'oeuvres en or. Il fit tout emporter et cela accrut même son désir d'en posséder davantage.

Alors il fit ouvrir les sarcophages où reposaient les corps de David et de Salomon embaumés pour s'emparer de leurs bijoux. On raconte qu'à ce moment il en sortit une grande flamme qui consuma les deux gardes qui exécutaient cet ordre (!) Ce prodige l'épouvanta et pour expier un tel sacrilège il fit construire à l'entrée du sépulcre un superbe monument en marbre blanc...

Or depuis le jour où Hérode profana cette double sépulture royale, le trouble dans sa famille augmenta et la haine s'installa au palais tandis qu'Hérode entamait ses cinq dernières de règne !

Beaucoup de juifs interprétèrent tous les malheurs qui suivirent cette profanation comme une malédiction et une vengeance du ciel ! Pour commencer c'est Antipater l'aîné des enfants qui fit hypocritement et indirectement accuser ses frères de descendance asmonéenne de faux crimes, tout en faisant semblant de prendre leur défense. Hérode qui considérait Antipater plus que ses autres enfants, parce qu'il était le seul à s'intéresser à ses longues conversations demanda à Ptolémée son principal ministre, de ne rien faire dans la conduite des affaires du royaume sans le communiquer à Antipater son fils aîné, celui-ci en profita pour animer son père contre ses frères.

De l'autre côté Alexandre et Aristobule ne pouvaient souffrir de se voir si indignement traités par des gens sans noblesse. La princesse Glaphyra soutenait entièrement son époux Alexandre d'abord par amour pour son époux, ensuite parce qu'elle ne pouvait supporter qu'on rendit à Bérénice, fille de Salomée et épouse d'Aristobule les mêmes honneurs qu'à elle-même, fille du roi de Cappadoce.

Par ailleurs Phéroras le plus jeune frère d'Hérode contribua aussi à cette division familiale. Etant follement tombé amoureux d'une de ses servantes, il refusa d'épouser une des filles d'Hérode avec laquelle le roi l'avait fiancé. Hérode s'en trouva très offensé et donna cette princesse qu'il avait eut avec Mariamne en mariage au fils de Phasaël. Peu de temps après Hérode crut que Phéroras était devenu plus raisonnable et après lui avoir fait de grands reproches il lui proposa son autre fille Cypros (du même nom que la mère d'Hérode.) Phéroras demanda l'avis de Ptolémée le premier ministre qui lui conseilla de ne pas offenser le roi son frère une seconde fois !

Phéroras renvoya sa servante dont il avait eu un fils et en fixant à un mois la date du mariage il promit de ne plus revoir sa concubine. Hélas au bout d'un mois il reprit la servante et en fut plus amoureux que jamais. Hérode prit très mal la chose et s'irritant à haute voix, il se trouva plusieurs personnes qui l'animèrent encore plus contre son frère par des calomnies.

Quant à Salomée la soeur d'Hérode, elle n'avait pu souffrir qu'on lui imposât le mariage de sa fille Bérénice avec Aristobule le fils de Mariamne. Pour se venger elle fit tout ce qui était en son pouvoir pour troubler leur tranquillité et elle obligeait sa fille à lui rapporter toutes les conversations qu'ils avaient eu ensemble, même les entretiens les plus secrets.

Et comme il arrive dans tous les ménages de petites différences d'opinions, elle tentait de retourner ces révélations à son profit. Ainsi Aristobule avait révélé à Bérénice que s'il arrivait à la couronne il ne donnerait point d'autres emplois aux fils d'Hérode que celui de greffier dans des villages qui correspondait à leur rang et à leur éducation et que s'il voyait des femmes d'Hérode se parer des ornements de la reine sa mère défunte, il leur donnerait pour tout habit que des (chemises de crin) et les ferait enfermer dans des lieux obscurs où il n'y a jamais de soleil.

Salomé rapportait toutes ces phrases à Hérode qui malgré sa peine aurait préféré corriger ses fils plutôt que de les punir. Un jour il les réprimanda sévèrement, les fils s'excusèrent et Hérode se contenta de leurs justifications.

Mais la situation s'envenima carrément lorsque Phéroras raconta à Alexandre que le roi était soudainement tombé follement amoureux de Glaphyra son épouse et qu'il lui était impossible de vaincre cette passion. Fou de jalousie et de douleur Alexandre alla voir son père et lui raconta dans les larmes ce que son oncle lui avait dit.

Hérode fut outré d'être accusé d'un crime si abominable. Il ordonna la comparution immédiate de Phéroras et lui dit dans une extrême colère :

Phéroras ne pouvant s'excuser d'un crime dont il était si clairement convaincu, en rejeta la faute sur Salomée, disant en sa présence que l'idée venait d'elle. Salomée très surprise de voir son intrigue se retourner contre elle, jura que tout était faux et s'écria que tout le monde avait conspiré contre elle pour la perdre. Elle chercha en vain des témoignages d'amour pour son frère et essaya de compromettre Phéroras en révélant qu'il la haïssait parce qu'elle était la cause de la rupture avec sa servante ... Enfin Hérode lassé de les entendre se disputer, les chassa tous deux et loua son fils de sa franchise et du courage qu'il a témoigné pour lui avouer sa douleur. Comme tout le monde savait de quoi Salomée était capable, on lui donna tous les torts pour avoir inventé cette calomnie qui s'ajoutait à une autre histoire où elle avait déjà été impliquée :

OBODAS régnait alors en Arabie. C'était un prince paresseux qui se reposait tout le temps pendant que son vizir Silléus gouvernait à sa place. Un soir que Silléus parlait d'affaires avec Hérode, le roi l'invita à partager son dîner en compagnie de Salomée. Silléus ayant appris qu'elle était veuve lui parla de l'épouser. Celle-ci accepta sa proposition. Deux mois plus tard Silléus revint voir Hérode pour lui demander la main de sa soeur. Elle donna son consentement et Hérode l'accorda également sous réserve qu'il embrassât la religion juive ! Silléus lui répondit que s'il accédait à sa demande ceux de sa nation le lapideraient. Ainsi le projet de mariage fut rompu et les autres femmes d'Hérode qui la haïssaient, la blâmèrent de n'avoir rien pu refuser à cet arabe étranger...

Quelques temps après, Hérode se laissant aller aux importunités de Salomée, résolut de donner au fils du mariage de Salomée et de Costobare, sa fille, que Phéroras avait refusé de marier par amour pour sa servante. Mais Phéroras le fit changer d'avis en lui disant que ce jeune homme ne l'aimerait jamais puisqu'il était l'auteur de la mort de son père. Alors Hérode donna sa fille, la princesse CYPROS, au fils de Phéroras, son neveu, puisqu'il était en titre le successeur à son père en tant que Tétrarque.

 

40.  Dans la CHAMBRE DE TORTURE D'HERODE

 

Et les troubles dans la famille d'Hérode s'amplifièrent :

Hérode avait trois eunuques particulièrement beaux à son service et il n'hésitait pas à leur demander leur avis dans les affaires les plus importantes. L'un était son échanson, l'autre son maître d'hôtel et le troisième son premier valet de chambre. Mais un jour on lui rapporta qu'Alexandre, son fils, les avait corrompus par une grande somme d'argent. Il les fit soumettre " au supplice appelé : la question, " où il confessèrent que cela était vrai, mais ils nièrent toute participation contre leur roi.

0n les mit une seconde fois à la question et pour être agréable au roi on infligea cette torture d'une manière si violente qu'à bout de souffrances ils dirent qu'Alexandre avait gardé dans son coeur la haine qu'il avait toujours eu contre le roi son père qui devenait lentement inutile à cause de son grand âge. Vieillesse qu'il cachait en se faisant maintenant teindre sa barbe et ses cheveux et que sa mort ne saurait guère tarder. Ils ajoutèrent qu'à ce moment Alexandre ferait jouer son droit de naissance et qu'il élèverait tous ses amis aux plus hautes charges du royaume en récompense pour leur aide.

Hérode entra dans une extrême colère, mais il reporta à plus tard sa vengeance contre Alexandre. En attendant il fit saisir de nombreux serviteurs qui dénoncèrent sous la torture d'autres compagnons qui à leur tour dénonçaient les premiers. Ainsi bien des gens innocents de tous complots finissaient par avouer n'importe quoi et accuser n'importe qui, dès qu'on les menaçait du bourreau.

Hérode se repentit d'avoir fait mourir bien des innocents, mais cela ne l'empêchait pas de faire subir les mêmes supplices aux délateurs. Ce déplorable climat d'inquisition touchait maintenant même ses amis les plus intimes dont beaucoup évitaient autant que possible d'entrer dans son palais.

Ainsi deux de ses ambassadeurs et plus anciens amis : Andromaque et Gémellus furent aux nombre des disgraciés. Andromaque parce que son fils Démétrius s'était lié d'amitié avec Alexandre et Gémellus parce qu'il avait été le professeur d'Alexandre et son compagnon durant son voyage à Rome. Hérode se contenta d'éloigner ces deux familles et de leur enlever toutes charges officielles et toute autorité.

Le principal responsable de cet enchaînement de cruautés était comme de bien entendu Antipater qui voyant l'état d'anxiété du roi fit monter la tension en augmentant ses soupçons. Il encouragea le roi dans son esprit de cruauté en faisant croire au despote que ses conseils lui étaient d'un grand secours. Ainsi lorsque Andromaque et bien d'autres, qui avaient la possibilité de s'exprimer en sa présence furent éloignés, Hérode fit arrêter sans aucun motif de nombreux amis d'Alexandre pour essayer d'obtenir des révélations par sa torture préférée, la redoutable " question."

C'est au cours d'une séance de torture qu'une des malheureuses victimes se hasarda à dire (un peu pour se venger) qu'Alexandre était bien plus beau, bien plus grand et bien plus adroit que son dégénéré de père. Le roi s'enflamma par tant de jalousie que le pauvre Alexandre fut obligé de se courber lorsqu'il marchait aux côtés de son père pour ne pas paraître d'une taille plus grande que lui ! Et lorsqu'il l'accompagnait à la chasse de tirer à côté du gibier pour ne pas paraître plus adroit que lui. Comme l'homme que l'on torturait avait compris que les bourreaux ne cherchaient qu'à obtenir des aveux et que les ayant reçus ils arrêtaient ses souffrances, il ajouta pour recouvrer sa liberté qu'Aristobule avait également conspiré avec son frère pour tuer le roi lors d'une partie de chasse. En cas de réussite de son acte il devait s'enfuir à Rome pour demander la couronne à Auguste ...

Lors d'une perquisition ordonnée dans les appartements d'Alexandre on trouva des lettres échangées entre les deux frères dans lesquelles il se plaignait de ce qu'Hérode avait donné à Antipater des terres et deux cent talents de revenu. Hérode crut qu'il avait désormais suffisamment de preuves pour faire arrêter Alexandre et le faire jeter en prison chargé de chaînes. Pour obtenir un complément de preuves il fit arrêter de nombreux amis d'Alexandre et les invita à passer à sa distraction favorite : la question, dans la salle des tortures ! Il en fit ainsi mourir plusieurs.

Au cours d'une de ces séances auxquelles Hérode se faisait un devoir d'assister, il y eut un jeune homme qui ayant peur de mourir déclara qu'Alexandre avait fait préparer du poison dans Ascalon et qu'il avait écrit à ses amis de Rome pour demander à Auguste qu'il ordonne à Hérode de venir à Rome pour s'expliquer sur un prétendu traité faisant mention d'une alliance avec Mithridate, roi des parthes au dépens du pacte passé avec les romains. Hérode ajouta foi à ces accusations car il ne manquait pas de flatteurs qui lui répétaient sans cesse qu'il était un homme plein de bonté et de justice !

Mais malgré toutes les recherches entreprises dans tous les environs d'Ascalon on ne retrouva jamais une trace du dit poison.

Très secoué par tous ces mensonges le pauvre Alexandre ne se laissa pas abattre par la fatalité. Mais au lieu de se justifier il prit contact avec son père d'une manière qui l'irrita encore davantage :

Ainsi il écrivit quatre lettres à son père qui le mirent dans un étrange embarras. Il y affirmait qu'il était inutile de soumettre à la question tant de personnes puisqu'il était évident qu'il avait depuis longtemps conspiré contre son père et que tous les amis et meilleurs confidents de son père (comme Phéroras) avaient participé à cette conspiration et en particulier Salomée qui serait venue secrètement la nuit pour convaincre Alexandre de participer à ce complot général en s'offrant à lui dans son lit et il serait ainsi même devenu son amant !

Il ajouta que tout son entourage était du nombre de ses complices y compris Ptolémée son premier ministre et Sapinius, les deux personnes en qui il se confiait le plus !...

L'ambiance de la cour devint bientôt infernale, ainsi ceux qui avaient auparavant bénéficié des plus hautes grâces se voyaient du jour au lendemain transformés en ennemis mortels. On ne cherchait même plus la vérité et on n'entendait plus les accusés qui hurlaient leur innocence.

Le supplice précédait le jugement, et les prisons se remplissaient de notables, d'amis et de magistrats d'Hérode. Ce qui enveloppa tout le palais d'une atmosphère de haine, imprégnée de faux témoignages, de parjures, de hantises et de frayeur au moindre bruit de pas. Il n'y avait vraiment plus rien de comparable dans cette maison avec la douce paix qui y régnait autrefois !

Même Hérode qui était devenu nerveux par tant de troubles commençait à s'ennuyer dans cette nouvelle situation et il se plaignit tout haut de n'avoir plus personne en laquelle on puisse se fier !...

Certains racontèrent qu'il faisait des cauchemars la nuit et qu'il lui arrivait de se battre dans sa chambre l'épée à la main contre ses fils venus pour le tuer, il s'en fallut de peu que ces terreurs et ces cauchemars remplis de fantômes ne finissent par lui faire perdre complètement la raison.

Lorsque Archélaüs, roi de Cappadoce, fut informé par sa fille de la terrible situation dans laquelle était plongée toute la famille et en particulier son gendre et son ami Hérode, il résolut d'aller le trouver à Jérusalem. Pour éviter d'obliger Hérode à se justifier devant lui pour avoir emprisonné son gendre il choisit un moyen contraire pour l'en sortir tout en ménageant la susceptibilité du roi Hérode.

Archélaüs arriva en faisant mine d'être très en colère contre son gendre et fit semblant d'approuver sa punition pour son infidélité. Il déclara qu'il était prêt à reprendre sa fille et même à la punir si étant au courant de la liaison que son gendre aurait eu avec Salomée, elle n'aurait rien fait pour les dénoncer à son beau-père.

Hérode fut très surpris de constater avec quelle ardeur Archélaüs soutenait ses intérêts et qu'il était encore plus animé que lui contre Alexandre ! A ce moment précis on vit disparaître la colère et la haine d'Hérode contre Alexandre et on sentit peu à peu ses sentiments agressifs se remplacer par un retour de l'amour paternel.

Ne pouvant supporter qu'on accusât son enfant, Hérode se mit à pleurer et supplia Archélaüs de ne point rompre le mariage de son fils. Archélaüs pour le consoler commença à rejeter la responsabilité sur ceux qui corrompaient son esprit innocent et principalement Phéroras

Phéroras qui n'était pas déjà dans les bonnes grâces d'Hérode comprit à ce moment que seul la malice d'Archélaüs pouvait le sortir de ce guêpier qui risquait de lui coûter sa tête. Il alla trouver Archélaüs en habits de deuil et se présenta à lui comme un homme qui est en équilibre au bord du précipice !

Tout heureux Archélaüs profita de cette situation. Il conseilla à Phéroras d'aller voir son frère et de lui confesser d'avoir été la cause de tout ce mal et de lui en demander pardon. Cette manoeuvre réussit parfaitement car Hérode pardonna à son frère et celui-ci rentra à nouveau dans ses bonnes grâces. Il en alla de même pour Alexandre, qui au moment où il ne l'espérait plus se trouva ainsi justifié de tous les crimes que Phéroras lui aurait fait endosser !

Hérode et le roi de Cappadoce échangèrent des présents puis Archélaüs repartit pour son royaume et Hérode l'accompagna jusqu'à Antioche et après l'avoir bien remis à Tite gouverneur de Syrie, il s'en revint en Judée.

 

41.  HERODE dans la disgrâce d'AUGUSTE

 

Après qu'Auguste eut retiré la Traconite à Zénodore pour la donner à Hérode les habitants dont la plupart vivaient de brigandages furent obligés de travailler la terre pour se nourrir.

Cette paix plaça Hérode dans la haute considération des habitants, mais lorsque Hérode décida d'aller à Rome avec ses deux fils pour les accuser devant l'empereur on fit courir le bruit que Hérode était mort en chemin. Aussitôt les Traconites recommencèrent leurs brigandages et en furent châtiés par les chefs des troupes d'Hérode.

Les principaux voleurs étonnés de leur insuccès s'enfuirent en Arabie où Silléus irrité de ce qu'Hérode lui avait refusé sa soeur leur donna asile dans un vieux château d'où ils pouvaient faire des incursions rapides en Judée et en basse Syrie pour piller toute la campagne.

Lorsque Hérode revint de Rome il ne put les punir comme il voulait puisqu'ils étaient sous la protection des arabes, ni supporter qu'ils constituent un danger pour son peuple. Il entra dans la Traconite et châtia tous les voleurs qu'il rencontra, ce qui excita la vengeance de leurs frères qui continuèrent leurs incursions.

Hérode demanda l'assistance de Saturninus et de Volumnius établis par Auguste gouverneurs de ces provinces. Mais les voleurs devinrent encore plus menaçants et plus nombreux puisqu'ils arrivèrent à rassembler jusqu'à mille hommes qui déferlèrent au delà des frontières de Judée et d'Idumée. Hérode insista auprès de Silléus pour qu'il lui rende les soixante talents qu'il avait prêté à 0bodas et dont le remboursement était arrivé à échéance. Mais entretemps Silléus avait empoisonné et déposé Obodas. Enée surnommé Arétas avait succédé à la couronne d'Arabie mais Silléus la convoitait également.

( Nota : Dans son livre 16 - ch.13 Hérode fait mention de 60 talents prêtés à Obodas, alors que Nicolas de Damas en réclamera 500 devant l'empereur Auguste à Rome ! )

Alors Saturninus et Volumnius décrétèrent que Silléus devrait payer dans les trente jours et que les transfuges devraient réintégrer leur pays d'origine. Mais aucun voleur ne retourna en Traconite.Et au lieu de payer sa dette Silléus s'en alla à Rome pour se plaindre auprès d'Auguste du comportement d'Hérode qui fort du consentement des deux gouverneurs romains en Syrie, entra dans l'Arabie et en peu de temps attaqua le château de Repta où logeaient les voleurs et le rasa, sans faire de mal à la population arabe.

Naceb le général des troupes arabes vint à sa rencontre pour l'obliger à sortir. Lors du combat Naceb fut tué ainsi que vingt cinq de ses soldats, le reste ayant prit la fuite... Hérode envoya alors trois mille soldats iduméens en Traconite pour empêcher les brigandages. Après quoi il écrivit aux chefs des troupes romaines de Phénicie en les informant qu'il n'avait fait que son devoir et qu'il n'avait à aucun moment outrepassé ses droits.

Mais pendant ce temps les arabes avaient dépêchés des courriers à Rome pour Silléus en lui exposant une autre version des faits. Aussitôt Silléus mis ses habits de deuil et alla trouver Auguste pour se plaindre en larmes de ce qu'Hérode était entré en Arabie avec son armée, avait tué son parent le général Naceb ainsi que deux mille cinq cents notables d'Arabie et qu'enfin il avait pillé les richesses du château de Repta !

Il ajouta que sans sa confiance aveugle en Auguste qui garantit la PAIX dans ses Etats il ne serait point venu à Rome mais serait resté pour défendre son pays. Auguste sans s'informer sur les motifs du conflit demanda à des voyageurs s'il était vrai qu'Hérode ait pénétré récemment avec son armée en Arabie ?

Suite à la réponse affirmative donnée par les derniers voyageurs venus d'Orient, Auguste écrivit alors à Hérode une lettre pleine de menaces en lui précisant qu'il le considérait auparavant comme un ami, mais qu'à l'avenir il serait traité comme son sujet.

Silléus envoya de son côté en Arabie des lettres dont on peut déjà deviner le contenu. Profitant de la disgrâce d'Hérode les arabes ne payèrent plus leur dette, ni les sommes de leur fermage concernant leurs pâturages. D'un autre côté les Traconites profitèrent de cette belle occasion pour attaquer les garnisons iduméennes qu'Hérode avait installé pour assurer la sécurité. Ils pillèrent le pays tandis que Hérode restait immobile et impuissant de peur de vexer encore davantage Auguste qui refusait d'entendre tous les ambassadeurs que Hérode lui avait envoyé d'urgence...

Silléus essaya par de grands présents à s'attirer les grâces d'Auguste et surtout il espérait que l'empereur lui donnerait la couronne que Enée dit Arétas s'était légitimement attribué sans lui demander la permission.

Peu de temps après Arétas envoya une couronne d'or à Auguste avec une lettre où il accusait Silléus d'être un homme perfide qui avait empoisonné Obodas, son roi et maître, après lui avoir de son vivant usurpé l'administration des affaires. Il accusait également Silléus de viols insolents sur des femmes des arabes et d'avoir emprunté de fortes sommes d'argent pour s'ouvrir le chemin du pouvoir par la tyrannie.

Auguste ne réagit guère à ces accusations car Arétas n'était pas encore assez affermi dans son royaume et avait prit le trône sans son autorisation. Alors Hérode lui envoya pour la troisième fois un ambassadeur en la personne de son ami : Nicolas de Damas. Nicolas attendit que l'Empereur soit dans de meilleures dispositions pour solliciter une audience et prit la défense des intérêts d'Hérode.

C'est ainsi qu'un jour plusieurs plaintes et divisions apparurent entre les arabes qui confirmèrent que Silléus aurait fait honteusement disparaître plusieurs parents du roi Obodas. Ainsi lorsqu'arriva le jour d'audience de Nicolas, il comparut devant l'Empereur accompagné des ambassadeurs du roi Arétas et il se mit à accuser ouvertement Silléus :

A ces mots l'Empereur l'interrompit et lui demanda s'il n'était pas vrai qu'Hérode était entré en Arabie avec une armée pour y tuer deux mille cinq cent soldats arabes et d'avoir pillé tout le pays ?

A ceci Nicolas répondit que tout cela n'était que suppositions sans fondements et lui parla du prêt de 500 talents impayés que Satuninus et Volumnius, gouverneurs de Syrie avaient en vain essayé d'en imposer le remboursement après une sommation de trente jours restée sans suite.

Qu'à l'expiration de ce délai les dits gouverneurs avaient autorisé Hérode d'user de son droit de se faire payer par main armée. C'est dit-il ce que l'on nomme ici avec exagération : faire la guerre ! En ce qui concerne les prisonniers, il s'agit ici de quarante voleurs du pays de Traconite qui se sont enfuis en Arabie pour empêcher que Hérode ne les punissent pour leurs vols et leurs assassinats commis en Syrie. Silléus qui a partagé avec eux le fruit de leurs vols, les as protégés et nourrit contrairement à votre loi.

Enfin lorsqu'on évoque le massacre de 2.500 hommes il convient de préciser que personne n'avait été tué avant que Naceb n'attaqua les troupes d'Hérode, dans cette bataille inévitable Naceb a tué plusieurs compagnons d'Hérode. Mais il fut lui-même tué au combat avec vingt cinq de ses hommes.

Auguste pointa un regard courroucé vers Silléus et lui demanda combien d'arabes avaient été tués durant ce combat ? Il lui répondit qu'il l'ignorait et qu'il s'était probablement trompé sur ce nombre.

A ce moment l'Empereur regretta de s'être laissé emporté si durement contre Hérode, il condamna Silléus à mort en lui reprochant d'avoir par ses calomnies été la cause de sa colère contre Hérode. Il ordonna que Silléus devrait être ramené en Arabie pour satisfaire ses créances avant d'être exécuté. Il fut ramené en Arabie, mais il revint à Rome !

Quant à Arétas, Auguste voulut lui ôter le royaume parce qu'il n'avait pas demandé sa permission pour le donner à Hérode. Mais comme il avait déjà eu plusieurs lettres où le vieil homme se plaignait des problèmes que lui causaient ses fils de descendance asmonéenne, il préféra après avoir blâmé ses ambassadeurs pour son attitude peu noble, confirmer Arétas comme roi d'Arabie.

 

42.  HERODE exécute ALEXANDRE ET ARISTOBULE

 

Pendant ce temps Euriclès, un noble Lacédémonien, mais particulièrement perfide et grand flatteur se présenta un jour chez Hérode en lui apportant de grands cadeaux, il devint très vite un familier du palais logeant tantôt chez Antipater et rendant fréquemment visite au couple Alexandre et Glaphyra car il se disait volontiers le plus grand ami du roi Archélaüs, le père de Glaphyra.

Alexandre le croyant d'esprit neutre, lui fit quelques confidences en lui révélant que son frère et lui souffraient de la mort de leur mère et encore plus maintenant de leur mise à l'écart par leur père, qui ne leur parlait plus et ne les invitait plus à ses festins. Par contre Antipater profitait de la situation et jouissait de tous les honneurs qui normalement leurs étaient dus par leur naissance.

Euriclès rapporta tous ces propos à Antipater et à Hérode qui lui remit une récompense de cinquante talents. Le fourbe alla ensuite trouver le roi Archélaüs en prétendant qu'il avait réhabilité son gendre auprès d'Hérode et obtint à nouveau des présents. Ce n'est que lorsqu'il s'en fut retourné chez lui qu'on s'aperçut combien cet homme cupide avait menti. Mais cela ne lui porta pas chance car ayant menti de la même façon dans son pays, il fut destitué et envoyé plus tard en exil.

Outre ces continuelles calomnies contre les deux fils de Mariamne, il en est une qui les conduisit tous deux dans la prison de leur père.

L'histoire commença lorsque Hérode renvoya pour un quelconque motif de mécontentement deux officiers de cavalerie qu'il admirait auparavant pour leur grandeur et leur force hors du commun. L'un s'appelait : Jucundus et l'autre Tyrannus. Ils contactèrent alors Alexandre qui accepta de les engager dans la compagnie de ses gardes et comme ils étaient tous deux de très braves gens, il se montra fort libéral envers eux. Mais à peine Hérode eut-il apprit leur engagement par Alexandre qu'il se méfia et les fit soumettre à la question.

Durant longtemps ils résistèrent à leurs souffrances, mais lorsqu'ils ne purent plus supporter tant de douleurs ils déposèrent qu'Alexandre les avait sollicités pour tuer le roi, lorsqu'ils iraient à la chasse, en disant au peuple que le roi s'était tué lui-même en tombant de son cheval sur l'une de ses armes. Or le roi venait juste de se blesser dans un accident similaire et il faillit même en perdre la vie ! Ils ajoutèrent qu'on trouverait l'argent caché dans l'écurie du Prince et ajoutèrent que le grand veneur leur avait même procuré par les mains d'Alexandre, quelques dards dont le roi se servait à la chasse !

Hérode fit immédiatement arrêter le gouverneur d'Alexandrion pour le soumettre à la question. Il ne confessa rien, mais son fils confirma les dires des deux gardes en produisant une lettre où était écrit cette phrase dans une écriture imitant celle d'Alexandre :

Alexandre intervint alors pour désigner le vrai coupable le secrétaire Diophante, qui fut ultérieurement puni dans une autre affaire pour usage de faux en écritures. Il l'accusa d'avoir imité son écriture sous les pots de vin d'Antipater qui avait juré leur perte, mais à partir de ce moment Hérode ne douta plus de la détermination de ses deux enfants à vouloir assassiner leur père pour lui prendre son pouvoir.

Hérode qui était en ce moment à Jéricho fit alors venir les deux délateurs qui avaient accusé ses fils et laissa la foule les lapider à coups de pierres. Si Phéroras et Ptolémée n'étaient pas intervenus le peuple manipulé aurait même lapidé Alexandre.

Pour le moment le roi se contenta de jeter Alexandre et Aristobule dans des cachots séparés, couverts de chaînes et très étroitement surveillés. Hérode demanda qu'on interrogea le prince sur sa participation à ce complot et qu'on consigne par écrit toutes ses déclarations. Dans ses aveux Alexandre nia toute participation au projet contre son père, mais confirma qu'il avait eu envie de s'enfuir avec son épouse auprès d'Archélaüs pour changer de mode de vie.

Justement Archélaüs le beau-père d'Alexandre venait d'être informé de l'état misérable où se trouvait son gendre et Aristobule. Il envoya immédiatement Méla, un des plus grands seigneurs de sa cour. En présence de Méla, Alexandre confirma ce qu'on avait écrit et ajouta qu'on avait lapidé les deux gardes pour empêcher de faire la lumière sur cette ténébreuse affaire, dont Antipater était l'instigateur puisqu'il utilisa ses gens comme meneurs pour exciter la foule à lapider les deux gardes Jucundus et Tyrannus.

Méla ayant demandé à entendre la princesse Glaphyra on la mit en présence de son époux pour les interroger tous deux. Les deux époux s'adonnèrent à un triste spectacle qui émut toute l'assistance de compassion. Au bout d'un moment Ptolémée qui instruisait cette enquête demanda à Alexandre si son épouse avait eu connaissance de tout ce qu'il avait fait ?

Alors Glaphyra prit la parole en se disant tout à fait innocente, mais que si en se confessant coupable, elle pouvait contribuer au salut de son mari, elle avouerait sa culpabilité, quelque fût le mal qui en découlerait ! Il est vrai que ni lui, ni moi n'avons rien fait de tout ce dont on nous accuse, mais vous n'ignorez pas que nous avions résolu de nous retirer vers mon père et de là à Rome.

Malgré qu'Archélaüs nia formellement être impliqué pour que ce soit dans ce prétendu complot, il confirma qu'il avait l'intention de donner asile au jeune couple mais jamais de les envoyer à Rome !

Hérode resta persuadé que le roi de Cappadoce trempait également dans ce complot à titre de complice. C'est pourquoi il chargea 0lympus et Volumnius de présenter les lettres contenant ses plaintes sur ses enfants à la prochaine audience accordée par Auguste.

Auguste lui fit répondre par écrit qu'il le plaignait extrêmement d'avoir des enfants si dénaturés au point de comploter contre sa vie, s'ils étaient coupables de ce crime il devait les traiter comme des parricides et donnait son accord quelque soit le verdict. Mais il ajouta que s'ils n'avaient eu que le désir de s'enfuir, sa piété paternelle devait se contenter d'un léger châtiment. Qu'en cas de doute, il devait les faire comparaître devant une assemblée réunie dans Béryte où il inviterait comme juges de nombreux gouverneurs des provinces voisines dont Archélaüs, roi de Cappadoce.

Cette réponse encouragea Hérode dans sa haine démesurée. Il fit venir à Béryte tous ceux qu'Auguste avait cités sauf " Archélaüs ", soit parce qu'il le haïssait, soit parce qu'il craignait qu'il s'opposât à son dessein. Hérode fit même transférer ses deux fils en secret dans Platane qui est un village de Sidonie proche de Béryte afin qu'ils ne puissent pas se défendre devant leur juges...

L'assemblée était constituée d'environ 150 personnes lorsque Hérode entra dans la grande salle où l'on vit un père accuser ses enfants de complot sans aucune honte devant les autres juges. Il lut les lettres signées de ses enfants dans lesquelles ils niaient toutes participation au complot mais confirmaient l'envie qu'ils avaient eu de s'enfuir loin de leur père. A peine eut-il prononcé ces paroles qu'il les interpréta comme des aveux de parricide et clama qu'elles lui étaient plus insupportables que la mort. Puis il ajouta :

Lorsque Hérode eut fini de parler et en l'absence des accusés, toute l'assemblée comprit qu'il n'y avait plus d'espoir de réconciliation et elle confirma le pouvoir qu'Auguste lui avait donné de disposer d'eux comme il le voudrait. Seul Saturnin ancien consul de Rome et ses trois fils estimèrent qu'ils devaient être punis mais non pas de mort, car ils considérèrent que cette nouvelle affliction serait pour un père le comble de ce qu'il puisse supporter. Volumnius au contraire vota pour la mort et la majorité des membres fut de son avis.

Hérode alla chercher ses deux fils et les emmena à Tyr où l'attendait Nicolas de Damas qui revenait de Rome. Celui-ci lui confirma que la plupart de ses amis romains étaient plutôt favorables à la condamnation de ses deux fils, mais qu'il ne devait agir qu'après mûre délibération et en aucun cas sous l'effet de la colère. 0u enfin s'il ne désirait pas s'engager dans un malheur sans retour, il devait les absoudre et les remettre en liberté.

Une si grande affaire fit beaucoup de bruit en Palestine où l'on ne parlait plus que du malheur des deux jeunes princes. Il n'y eut que deux hommes qui osèrent dire au roi ce qu'ils pensaient :

Tyron était maintenant un vieil homme qui respirait le bon sens et qui au mépris de sa liberté disait souvent tout haut ce que d'autres pensaient tout bas. Il demanda et obtint une audience avec son roi pour lui parler seul à seul en ces termes :

Hérode reçut d'abord très mal le discours de Tyron, puis en faisant mine de s'émouvoir il lui demanda qui étaient ces chefs et ces gens de guerre qui condamnaient sa conduite ? Après que Tyron les eut nommés, il les fit tous arrêter et l'envoya également en prison.

Le second était un nommé Tryphon qui était le barbier d'Hérode.

Un jour qu'il lui rasait la barbe il lui confessa que Tyron son ami lui avait demandé à plusieurs reprises de lui couper la gorge avec son rasoir lorsqu'il le raserait et l'avait assuré qu'il serait bien récompensé et qu'il n'existât aucune récompense qu'il ne pourrait espérer d'Alexandre pour cet acte de courage.

Hérode s'enfuit affolé et fit aussitôt arrêter son barbier pour le soumettre avec Tyron et son fils à la question. Voyant qu'on torturait son père qui s'obstinait à ne plus parler, le fils jura qu'il parlerait si on arrêtait de tourmenter son père.

A partir de ce moment Hérode décida de faire mourir ses enfants le plus tôt possible. Il fit amener en public Tyron, son fils, son barbier et les trois cents officiers d'armée qui avaient été déférés pieds et poings liés et les accusa devant le peuple qui se jeta aussitôt sur eux et les tua TOUS ! (sic) ! ...

Alexandre et Aristobule furent conduits à Sébaste (Samarie) où sur son commandement " ils furent étranglés ! " Puis il fit ramener leurs corps à Alexandrion et déposer dans le sépulcre où leur aïeul maternel et plusieurs ancêtres étaient enterrés.


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