QUATRIEME    PARTIE :

 MARC  ANTOINE  EMPEREUR  d'ORIENT  
-----------------------------

DEBUT DE  REGNE D'HERODE LE GRAND

    18.  L'avènement de MARC ANTOINE en Orient

   19.  La sédition d'ANTIGONE

   20.  Le voyage d'HERODE à ROME

   21.  La guerre d'HERODE contre ANTIGONE

   22.  La 2ème prise d'assaut de JERUSALEM par ROME  

   23.  Débuts du règne d'HERODE le GRAND

   24.  La libération d'HYRCAN II

   25.  La mort du jeune frère de MARIAMNE

   26.  Le voyage d'HERODE à LAODICEE

   27.  La visite de CLEOPATRE chez HERODE

   28.  La guerre des juifs contre les arabes

   29.  L'année de la "BATAILLE D'ACTIUM"

   30.  Tremblement de terre en Palestine

   31.  L'exécution d'HYRCAN II

 

18.  L'avènement de MARC ANTOINE en ORIENT

 

En -42, CASSIUS ayant été vaincu à Philippes par ANTOINE et OCTAVE, Octave s'en retourna en Italie et Antoine s'installa en ORIENT (Asie romaine)

Lorsque Marc ANTOINE arriva en Bithynie une délégation des principaux membres du Sanhédrin vint le trouver et accusèrent en sa présence Phasaël et Hérode II d'avoir usurpé l'autorité par la force et de ne laisser au grand sacrificateur Hyrcan que le titre de roi !

Hérode qui vint également en Bithynie comprit que le pouvoir romain venait de changer de main, aussi il s'empressa de s'attirer les bonnes grâces d'Antoine qu'il acheta avec une grande somme d'argent. Antoine qui connaissait la famille Antipater depuis longtemps puisqu'il avait participé à la prise de Jérusalem en -63 n'écouta plus les ennemis d'Hérode et ne destitua pas les deux frères de leur titre de gouverneur.

Antoine venait d'arriver à Ephèse lorsque les ambassadeurs d'Hyrcan lui offrirent une splendide couronne en or, en le priant d'écrire à ses gouverneurs de provinces étrangères pour faire libérer tous les juifs que Cassius avait ordonné de vendre comme esclaves en application du décret promulgué par le défunt César afin de rendre aux juifs leurs terres qu'on leur avait injustement ôtées.

Marc Antoine trouva leur demande raisonnable et écrivit à Hyrcan, ces mots aux tyriens et à ceux de Sidon, d'Antioche et d'Arad pour demander cette libération :

" MARC ANTOINE, Empereur, après avoir puni les assassins de César, nous envoyons des ordres à toutes les villes de mettre en liberté tous les juifs, tant libres, qu'esclaves que Cassius et ceux de son parti ont fait vendre publiquement à l'encan..."

An -41 Cléopâtre vint en Cilicie pour conquérir le nouvel Empereur Marc Antoine qui avait si bien vengé les assassins de César, son amant défunt qui lui avait rendu son trône de reine d'Egypte.

A son tour le coeur d'Antoine s'enflamma conquis par le charme, les yeux et la beauté de la jeune et divine Cléopâtre.

Puis Marc Antoine arriva à Daphné un faubourg d'Antioche, où cent des principaux notables juifs revinrent le trouver avec Hyrcan II. Ils accusèrent à nouveau les deux frères d'usurpation de pouvoirs, mais Antoine qui se rappelait encore comment Antipater l'avait si bien reçu dans sa maison au temps de Gabinius demanda à Hyrcan quel était d'après lui le parti le plus apte à gouverner la Palestine ?

Hyrcan lui répondit : " celui d'Hérode. " Alors Antoine établit les deux frères " Tétrarques des juifs " et leur confia la conduite des affaires. Il fit mettre quelques juifs en prison et les aurait probablement fait tuer si Hérode n'était pas intervenu en leur faveur !

Ces ingrats, dit Josèphe s'en allèrent jusqu'à Tyr pour attendre Antoine avec un millier de soldats armés. Antoine commanda aux magistrats de châtier ces députés et de faire donner à Hérode tout ce qu'il aurait besoin dans sa Tétrarchie.

Hérode II vint voir les députés au bord de la mer en Phénicie et avec l'aide d'Hyrcan essaya de les inciter à se retirer. Les juifs méprisèrent ces avis, une bataille s'engagea entre juifs et tyriens. Il y eut de nombreux blessés et plusieurs morts. Lorsque Marc Antoine prit connaissance de leur inconduite, il fit exécuter tous les prisonniers qu'il avait retenu.

 

19.  La sédition d'ANTIGONE

 

An -40 PACHORUS, fils du roi des Parthes et son vizir BARZAPHARNES, qui gouvernait avec lui le pays, se rendirent maîtres de la SYRIE. En ce même temps Ptolémée Ménéus de Syrie mourut, son fils LISANIAS lui succéda. Sous l'influence de Barzapharnès, Lisanias conclut avec Antigone ( dernier fils d'Aristobule II ) une drôle d'alliance...

Antigone avait promis aux parthes que s'ils arrivaient à supprimer Hérode avec son parti et à destituer Hyrcan II de ses fonctions de Grand Sacrificateur pour être intronisé à sa place, il donnerait aux parthes mille talents et 500 femmes juives dont le maximum seraient choisies dans l'entourage d'Hérode. Drôle de marché pour un candidat au pontificat suprême ...

Pachorus s'avança le long de la Méditerranée et Barzapharnès par les chemins du centre de la Judée. Les tyriens refusèrent de recevoir Pachorus mais les sydoniens et ceux de Ptolémaïs l'accueillirent. Il envoya alors un échanson qui se nommait également Pachorus pour reconnaître le pays en lui demandant d'obéir à Antigone.

Après avoir conquis le Mont Carmel et le Pays de Druma, les hommes d'Antigone eurent l'appui de nombreux juifs qui attendaient depuis longtemps le renouveau de la branche des Asmonéens. Arrivés à Jérusalem ils assiégèrent Phasaël et Hérode dans le Palais Royal. Mais les deux frères sortirent avec leurs hommes et obligèrent les assaillants à se retrancher derrière les murailles du temple.

Hérode ayant réquisitionné les maisons autour du temple, de nombreux habitants de Jérusalem qui avaient pris le parti d'Antigone mirent le siège puis brûlèrent ces maisons avec leurs occupants. Hérode chargea les révoltés et en tua un grand nombre.

Quelques jours après eut lieu la fête de la Pentecôte où beaucoup de juifs vinrent avec ou sans arme à Jérusalem. Après bien des combats de rues, Pachorus le grand échanson entra dans Jérusalem pour imposer la régence d'Antigone. Phasaël le reçut courtoisement, et malgré l'avis d'Hérode se plia à l'ordre de Pachorus lui demandant d'aller trouver Barzapharnès en compagnie d'Hyrcan.

Au bord de la mer Phasaël fut informé de l'étendue du complot et des accords entre les Parthes et Antigone. Mais il ne voulut pas abandonner Hyrcan, ni son frère Hérode en périls. Malgré leurs protestations : Hyrcan et Phasaël furent arrêtés... Hérode ayant apprit ces perfides et traîtresses arrestations, (qu'Alexandra, la fille d'Hyrcan II) lui avait confirmé, s'enfuit la nuit vers Massada avec tous les gens de sa famille et de sa suite.

Il rassembla tous ses gens armés, et mit toute sa famille dans des chariots attelés : y compris Mariamne sa fiancée et son jeune frère Aristobule-3, Alexandra mère des 2 noms précédents et fille d'Hyrcan, tante d'Antigone et future belle-mère d'Hérode ainsi que l'ensemble des serviteurs.

Le convoi se mit en route à une très vive allure et dans cette précipitation le chariot dans lequel se trouvait la mère d'Hérode se renversa. Elle fut si blessée qu'on crut qu'elle allait mourir.

Hérode qui avait perdu lors de cet accident énormément de temps, eut très peur d'être rejoint par ses ennemis, il ordonna au reste du convoi de partir en avant et s'occupa de sa mère bloquée à l'arrière du convoi. Hérode qui savait son frère prisonnier, sa mère gravement blessée, fut à un moment si rempli de désespoir qu'il tira son épée et sans l'intervention de ses proches, faillit se transpercer le corps.

Les parthes l'attaquèrent plusieurs fois sur son chemin, mais il leur résista et tua plusieurs de ses agresseurs. Puis il battit des hordes de juifs qui soutenaient le rebelle Antigone. Flavius dit qu'il se battit non pas comme un homme qui s'enfuit mais avec le courage d'un grand capitaine prêt à mourir les armes à la main.

Lorsque le convoi arriva à Tressa (un village d'Idumée) ses troupes augmentèrent considérablement, car la population iduméenne vint à son aide. Son frère Joseph vint à sa rencontre et comme il avait plus de soldats que ne pouvait en contenir la forteresse de Massada, il renvoya 9.000 de ses hommes armés loger dans les divers villages d'Idumée, en leur laissant des vivres pour leur nourriture.

Il ne garda auprès de lui que 800 personnes les mieux habilitées à le servir ainsi que tous les membres de sa famille qu'il installa dans la forteresse de Massada. Puis il parti vers Pétra en Arabie.

Le lendemain matin les parthes entrèrent dans Jérusalem et pillèrent le palais d'Hérode avec tout ce qu'il avait laissé derrière lui. Mais ils n'osèrent pas toucher aux trois cent talents appartenant à Hyrcan II. Ces barbares (comme les nomme Flavius Josèphe) saccagèrent Jérusalem et toute la campagne environnante, puis ils attaquèrent la riche ville de Mariffa la pillèrent et la ruinèrent entièrement.

C'est ainsi qu'ANTIGONE fut mis au pouvoir par le roi des parthes, qui remit également entre les mains du rebelle deux prisonniers de marque enchaînés : Phasaël et Hyrcan II.

Antigone fut très irrité que l'argent d'Hérode et les femmes de son entourage qu'il avait promit de donner en esclaves aux parthes, s'étaient échappés. Mais pour être sûr qu'Hyrcan ne puisse plus exercer la souveraine magistrature (conformément à la loi juive qui exigeait un grand prêtre sans défaut corporel) il fit couper les deux oreilles d'Hyrcan, certains prétendirent même qu'il osa les arracher de ses dents ...!)

Phasaël ne voulant pas recevoir la mort par la main d'un de ces traîtres, se fracassa volontairement la tête sur une pierre ! On lui envoya des médecins qui envenimèrent ses plaies au lieu de les soigner. Phasaël n'eut qu'une consolation c'est d'apprendre que sa famille était hors de danger et que son frère était en sécurité.

Pendant ce temps Hérode rencontra MALCH, roi des Arabes, pour lui demander aide et assistance. Hérode avait même songé à lui emprunter 300 talents (avec intérêts) pour libérer son frère Phasaël qu'il croyait encore en vie. Pour consolider son prêt, il avait emmené avec lui : le fils de Phasaël âgé seulement de 7 ans, afin de le laisser comme caution de son prêt.

Mais les parthes ayant interdit au prince arabe de le recevoir, Hérode fut expulsé du pays. On raconte également que cette expulsion fut conseillée à Malch par ses hauts dignitaires afin qu'il n'aie pas besoin de rendre à Hérode l'argent que lui avait confié autrefois en dépôt son père Antipater 1er !

Hérode qui était outré de l'attitude indigne du roi Malch, préféra s'en aller et prit le chemin de l'Egypte. En faisant escale à Rynoçura il apprit la mort de son frère Phasaël qu'il aimait. Peu après le roi Malch à qui l'on avait fait des reproches, reconnut sa faute et essaya de rattraper Hérode, mais il était déjà trop loin, près de Péluse.

Arrivé à ALEXANDRIE, des matelots refusèrent de le prendre à bord, alors il s'adressa à Cléopâtre qui essaya en vain de le retenir à sa cour, tant il avait hâte d'aller à Rome revoir Antoine.

Il s'embarqua en prenant la route de la Pamphylie où il essuya une si grande tempête que les matelots durent jeter une grande partie des marchandises par dessus bord pour empêcher le navire de couler.

Arrivé à RHODES il rencontra deux amis Sapinas et Ptolémée et fut navré de voir cette ville si endommagée par le dernier conflit engendré par la guerre civile de Cassius. Il équipa une galère et arriva à Rome où il alla trouver Antoine pour lui raconter toutes ses mésaventures.

 

20.  Le voyage d'HERODE à ROME

 

AN -40. Antoine était revenu en Italie pour négocier avec Mécène, le représentant d'0ctave : les accords de Brindisi, selon lesquels Marc Antoine s'engageait à épouser " Octavie la soeur d'Octave. "

Marc ANTOINE qui haïssait profondément Antigone le renégat, fut ému de compassion lorsque Hérode lui raconta tous ses malheurs. Alors il promit à Hérode (ancien Ethnarque) de le faire nommer ROI ! 0ctave lui apporta également son soutien devant le Sénat qu'ils réunirent en assemblée extraordinaire. Les orateurs Messala et Atratinus y introduisirent Hérode en rappelant toutes les aides qu'avaient apportées depuis de nombreuses années, sa famille aux romains. Ils firent également le portrait du dissident Antigone qu'ils présentèrent comme un factieux semant le trouble et la rebellion.

Ce discours irrita le Sénat contre Antigone et lorsque Antoine prit la parole il présenta Hérode II comme un ami dévoué aux intérêts de Rome et qu'ayant été gouverneur de Basse-Syrie il pouvait être très utile dans la guerre contre les envahisseurs Parthes. C'est pourquoi il proposait sa nomination en tant que " Roi de Judée."

Malgré qu'Hérode n'était pas issu de sang royal, cette proposition fut adoptée à l'unanimité des suffrages exprimés au Sénat. En sept jours Antoine avait obtenu gain de cause pour Hérode. En sortant du Sénat Antoine et 0ctave emmenèrent Hérode au Capitole où ils offrirent des sacrifices puis ils scellèrent dans un mur sacré le nouvel arrêt du Sénat.

Antoine invita Hérode à un grand festin donné en l'honneur du nouveau ROI de Palestine qui commença son règne en la 124ème Olympiade sous les consulats de Domitius CALVINUS et de Asinius POLLION.

 

21.  La guerre entre Hérode et Antigone

 

Pendant que ces choses se passaient à Rome, Antigone en Palestine avait mis le siège devant la forteresse de Massada que défendait Joseph le frère d'Hérode. Un jour l'eau des puits (poches d'eaux de pluies creusées dans le roc) vint à manquer. Joseph ayant eu connaissance des regrets concernant le refus du roi Malch, résolut d'aller le rejoindre avec 200 hommes. Mais la nuit du départ il tomba tant de pluies d'orages que les citernes se remplirent. Les assiégés prirent ce secours providentiel comme un signe du ciel et firent avec joie plusieurs sorties dans les camps ennemis au cours desquels ils tuèrent de nombreux hommes d'Antigone.

VENTIDIUS, général d'une armée romaine, chassa les parthes de Syrie et entra en Judée et se campa devant Jérusalem sous le prétexte de secourir Joseph. Antigone lui paya une forte somme pour qu'il se retire de Judée. Mais il dut également payer une belle somme à Silon le commandant laissé par Ventidius en attendant un hypothétique retour de l'armée parthe.

Gellius le messager d'Antoine, accompagna Hérode dans son retour en Palestine. Ils arrivèrent à Ptolémaïs, la ville située dans la baie du Mont Carmel où les partisans iduméens d'Hérode l'attendaient, ainsi que de nombreux étrangers qu'il engagea sous sa solde. Ventidius et Silon se soumirent aux ordres du Sénat et l'assistèrent de leur armée. Hérode entra d'abord en Galilée et cette province se mit entièrement de son côté.

Hérode ayant décidé de libérer les siens à Massada avant de prendre Jérusalem, Silon, qu'Antigone avait déjà payé, essaya de se retirer. Mais étant attaqué par les juifs d'Antigone, il aurait presque dû se rendre si l'armée d'Hérode ne l'avait délivré : in extremis.

Hérode prit ensuite la ville de Joppé et s'avança vers Massada où il fit fuir les assiégeants. Après avoir pris au passage le château de Ressa, il s'avança sur Jérusalem et l'assiégea du côté occidental.

Il fit une proposition d'amnistie générale à tous les assiégeants, mais Antigone s'adressant aux romains leur dit que c'était une grave injustice que de donner le trône à un "demi-juif," simple particulier et en plus iduméen ! Cela était contraire aux lois de leur nation qui ne déférait cet honneur qu'aux gens dignes par leur naissance. Enfin il ajouta que si les romains le jugeaient indignes de la couronne, puisque l'ayant reçue des mains des parthes, ils n'avaient qu'à choisir un autre prince de sang royal qui n'avait pas offensé les romains. Antigone et Hérode en étant venu à s'injurier, Antigone autorisa ses défenseurs à jeter contre les assiégeants une pluie de projectiles. Sur quoi les assaillants se retirèrent pour se mettre à l'abri.

Silon et ses hommes s'étant plaints de n'avoir pas de quartier d'hiver menacèrent à nouveau de quitter le siège. Hérode les rassura en leur promettant tout ce qu'ils auraient besoin dès qu'il serait établi ROI selon la volonté du Sénat de Rome.

Pour tenir sa promesse Hérode demanda aux habitants de Samarie de lui faire parvenir du blé, du vin, de l'huile et du bétail ainsi que d'autres choses nécessaires à l'armée romaine. Dès qu'Antigone eut connaissance de ce projet il fit bloquer toutes les routes des monts situés autour de Samarie et y installa des embuscades.

Avec cinq cohortes romaines et l'équivalent en juifs et étrangers, Hérode s'en alla à Jéricho où il trouva la ville en état d'abandon. Les cinq cents habitants et leurs familles avaient fuit devant les hommes d'Antigone. Les romains qui trouvèrent la ville pleine de toutes sortes de biens la pillèrent. Hérode y laissa une garnison et établit en Idumée, en Samarie et en Galilée des quartiers d'hiver pour les différentes légions romaines.

Ayant déposé sa famille en Samarie il regagna la Galilée pour prendre les villes occupées par Antigone. Arrivé à Sephoris lors d'une grande tempête de neige, les partisans d'Antigone qui occupaient la capitale de Galilée s'enfuirent à l'annonce de son arrivée, il y trouva une grande quantité de vivres et y resta durant quarante jours, jusqu'au moment où les troupes d'Antigone l'attaquèrent avec hardiesse. Son aile gauche venant à faillir, il s'engagea à fond dans ce combat et mit en fuite les ennemis qui se croyaient déjà victorieux et les poursuivit jusqu'au Jourdain.

Pour gagner les bonne grâces d'Antoine, Antigone faisait également parvenir des vivres à Silon qui séjournait à Lydda ! Soudain Antigone ordonna aux habitants de Lydda de fuir dans les montagnes pour laisser l'armée romaine mourir de faim. Hérode y pourvut en dépêchant sur les lieux son plus jeune frère PHERORAS et il ordonna également de faire réparer le château Alexandrion qui était entièrement abandonné.

En ce moment Antoine était à Athènes et Ventidius en Syrie occupé à faire la guerre contre les parthes.

Avant de repartir pour la Galilée Hérode nomma PTOLEMEE gouverneur de Galilée. Hélas durant son absence Ptolémée fut attaqué et tué par les hommes d'Antigone qui s'enfuirent chercher refuge dans des marais. Hérode ne tarda guère à les châtier, il prit de force les places subversives et condamna les villes à payer une amende de cent talents.

Entretemps les romains remportèrent une grande bataille contre les parthes durant laquelle leur roi fut tué, alors VENTIDIUS ordonna à Antonius MACHERA de rejoindre Hérode avec deux légions et mille cavaliers. Hélas, Antigone avait corrompu Machéra et lui avait promit une forte somme d'argent. N'écoutant pas Hérode, Machéra voulu rejoindre Antigone, mais au lieu de payer les sommes convenues pour soutenir Machéra, Antigone préféra attaquer l'armée romaine.

Très choqué Machéra fit tuer à Emmaüs de nombreux juifs sans faire la distinction entre les partisans d'Antigone et ceux d'Hérode. Une telle attitude irrita énormément Hérode qui décida d'aller trouver Antoine pour se plaindre. En chemin il rencontra Machéra qui implora son pardon et lui demanda la présence et le soutien de son frère Joseph. Hérode se réconcilia et donna à Joseph le commandement de la plus grande partie de son armée.

Puis Hérode se mit en route pour trouver Antoine qui assiégeait la ville de SAMOSATE sur les bords de l'Euphrate. En chemin il rencontra d'autres gens qui devaient également aller à Samosate rejoindre Antoine, mais qui avaient peur d'être dévalisés ou tués en chemin par des hordes sauvages de voleurs barbares. Hérode leur offrit sa protection et partagea son armée en deux groupes. Arrivés à deux journées de Samosate, les barbares qui les suivaient en haut des collines, laissèrent d'abord passer le premier groupe dans la plaine, puis ils sortir de leurs embuscades pour attaquer avec 500 chevaux le second groupe où se trouvait Hérode.

Les barbares décimèrent le premier rang, mais Hérode les chargea si vigoureusement qu'il releva le courage des siens qui voulaient l'abandonner. Il tailla en pièces la plupart de ces barbares et ne cessa point de tuer jusqu'à ce qu'il eut recouvré tout le butin et tous les prisonniers qu'ils avaient faits. Tous les voyageurs louèrent son courage et l'appelèrent " leur sauveur et leur protecteur."

Arrivé à Samosate, Antoine qui avait apprit de quelle manière il avait protégé les renforts qu'il attendait, l'embrassa, le reçut avec joie et loua ses vertus, puis il le traita comme un prince à qui il avait posé une couronne sur la tête.

Antiochus ayant rendu Samosate, la guerre avec les parthes fut suspendue et Antoine s'en alla en Egypte après avoir donné ordre à SOSIUS le commandant de son armée avec l'ordre d'assister Hérode en tout ce qu'il pourrait avoir besoin. SOSIUS envoya Hérode en Judée en le faisant accompagné par deux légions (soit 12.000 H.), tandis qu'il le suivait avec le reste de l'armée.

Lorsque qu'Hérode arriva à Antioche il fut consterné d'apprendre la mort au combat de son frère Joseph. En effet Joseph avait reçu de Machéra cinq compagnies de cavalerie afin d'aller surveiller la récolte des blés dans la plaine de Jéricho. Hélas ces hommes étaient pour la plupart de jeunes mercenaires syriens sans expérience. Les troupes d'Antigone l'attaquèrent et malgré son courage il fut tué au combat. Antigone garda son corps et le fit décapiter malgré que Phéroras son frère, avait promis à Antigone la somme de cinquante talents-0R si on lui remettait le corps en entier.

Depuis plusieurs nuits, Hérode avait vu en songe la mort de Joseph et il en avait gardé un triste pressentiment, c'est pourquoi il avait hâté son retour en Judée. En l'absence d'Hérode et à la suite de cette petite victoire d'Antigone des galiléens se révoltèrent contre leur gouverneur et jetèrent dans le lac de Génésareth tous ceux qui étaient du parti d'Hérode.

Arrivé au Mont Liban Hérode prit 800 hommes du pays, plus une légion romaine pour se rendre en Galilée. Des ennemis l'attaquèrent et il les vainquit en les contraignant à se réfugier dans un château d'où ils étaient sortis le jour précédent. Mais lorsqu'arriva la deuxième légion que lui avait confié Antoine, les rebelles du château s'enfuirent en pleine nuit dans toutes les directions. Comme Hérode était dans l'impatience de venger la mort de son frère il s'avança vers Jéricho où il trouva tous les notables de Jéricho qui l'invitèrent à souper avec lui. A peine tout le monde était-il sorti que le toit de la salle s'effondra. Hérode se réjouit de ce signe de protection du ciel.

Le lendemain matin, six mille cavaliers descendirent des montagnes pour harceler les troupes romaines contre lesquelles ils refusèrent le combat, se contentant de leurs jeter des pierres et des dards. Même Hérode fut blessé à la cuisse.

Antigone qui voulut prouver que ses troupes surpassaient l'adversaire en envoya une partie sous la conduite de PAPPUS dans l'espoir de vaincre Machera.

Hérode qui avait fait une incursion dans le territoire d'Antigone prit cinq villes de force et tua près de 2.000 juifs qui avaient pour mission d'assurer la sécurité des garnisons adverses. Il brûla ces villes et fit volte-face contre Pappus qui avait son campement près d'Isanas. Animé du désir de venger son frère Hérode poursuivit ses adversaires jusque dans les villages où il fit tuer tous ceux qui se trouvèrent sur son passage.

 

  22.  La 2ème prise de JERUSALEM par ROME (AN -37)  

 

Le spectacle était déplorable car partout le sol et les terrasses de toitures étaient jonchées de cadavres. A ce moment seulement l'ennemi perdit sa confiance en lui et s'enfuit par grandes troupes.

Hérode qui était fatigué se retira sous sa tente pour prendre un bain, mais alors qu'il était tout nu avec un seul serviteur, trois hommes sortirent l'épée à la main, mais en reconnaissant leur roi ils furent si épouvantés qu'ils s'enfuirent sans oser combattre.

Le lendemain Hérode fit décapiter Pappus le lieutenant d'Antigone, responsable de la mort et de la décapitation posthume de son frère Joseph. Hérode fit envoyer cette tête à son frère Phéroras pour le consoler et venger ainsi la mémoire de son pauvre frère Joseph.

An -37. Le lendemain Hérode marcha contre Jérusalem et y mit le siège. Cela faisait trois ans que le Sénat de Rome l'avait proclamé roi de Judée. Il installa son quartier devant le temple comme l'avait fait Pompée, il fit élever trois plates-formes, bâtir des tours et abattre un grand nombre d'arbres. Et comme ce siège continuait il s'en alla à Samarie afin d'épouser Mariamne, nièce d'Aristobule et petite fille d'Hyrcan II. Ce deuxième mariage avec une authentique princesse juive Asmonéenne lui conférait une sorte de légitimité au trône d'Israël.

Après les festivités, Hérode reçut 30.000 hommes en renfort ainsi que l'appui de SOSIUS venu de Phénicie pour lui prêter main forte avec autant de cavalerie que d'infanterie. Onze légions de six mille hommes et six mille cavaliers participèrent à l'attaque du dernier bastion de la ville sainte : le temple et la forteresse Antonia.

Comme c'était également une année de sabbat où les juifs ne moissonnent pas les grains, ni ne récoltent les fruits, les assiégés souffrirent rapidement de la faim, mais ils redoublèrent de courage.

Le cinquième mois du siège, vingt soldats romains montèrent sur la muraille et suivi d'un capitaine romain ils s'en rendirent maîtres. Quinze jours après la seconde muraille fut emportée et quelques portiques du temple furent brûlés, Hérode en accusa Antigone d'en être l'auteur pour le rendre encore plus odieux aux yeux du peuple.

Bientôt l'image de la mort envahit Jérusalem d'une part parce que les romains étaient las d'un siège trop long, d'autre part parce que les partisans d'Hérode voulaient éliminer leurs adversaires.

" ...on ne pardonna ni aux vieillards, ni aux jeunes, ni aux femmes qu'Hérode avait commandé d'épargner, car tous avaient perdus tous les sentiments d'humanité... " ( Josèphe )

Antigone se voyant perdu descendit de sa tour et vint se jeter au pieds de Sosius. Celui-ci le traita de femme et le fit prisonnier en lui appliquant le sort qu'il réservait habituellement aux femmes.

Hérode eut beaucoup de mal pour empêcher des étrangers à pénétrer dans le Temple et surtout le Saint des Saints. Il fallut même qu'il promette à Sosius une belle somme d'argent pour qu'il empêcha ses soldats de piller la ville en argumentant que le Sénat ne l'avait pas " élu roi " pour régner sur un désert !

Cette seconde prise de Jérusalem par Rome intervint sous le consulat de M. Agrippa et de Canisius Gallus, en la 125ème Olympiade au troisième mois. Au même jour de fête que Pompée l'avait prise précédemment 27 ans plus tôt.

Après avoir consacré à Dieu une couronne d'or, Sosius quitta Jérusalem en emmenant avec lui Antigone qu'il destinait à ANTOINE.

Hérode eut très peur qu'Antoine ne présentât Antigone au Sénat lors de son prochain voyage à Rome et que celui-ci ne lui donne à nouveau son droit au trône puisqu'il était de naissance royale. Ou bien qu'à défaut de rétablir Antigone dans ses fonctions le Sénat accorde ses faveurs à un autre descendant asmonéen qui n'aurait pas offensé les romains ?

Alors Hérode II acheta la mort d'Antigone en donnant à ANTOINE une grande somme d'argent et divers meubles qu'il avait saisi lors de ses rafles dans les grandes familles. Antoine qui aurait souhaité ramené à Rome la preuve de son triomphe s'inquiéta lorsque de nouveau troubles apparurent en Judée. Antoine ordonna alors de faire trancher la tête d'Antigone dans Antioche.

Ainsi s'éteignit le règne des Asmonéens qui avaient exercé leur pouvoir durant cent vingt six ans.

 

23.  Débuts de règne d'HERODE LE GRAND

 

An -37 Pendant la prise d'assaut de Jérusalem SEXTUS POMPEE (le fils de Pompée) qui était alors Préfet de la Flotte, venait de se faire proscrire par le Sénat, pour se venger il organise le blocus de Rome pour y créer une famine.

An -36 Marcus AGRIPPA remporte la victoire navale de Nauloque en Sicile contre Sextus Pompée et ses partisans. Lépide ayant manifesté une attitude équivoque dans ce conflit est écarté du pouvoir.

A Jérusalem Hérode Antipater II commence son règne et obtient enfin la récompense de ses efforts et de toutes ses souffrances :

Sans parler des fortes sommes d'argent qu'il avait payé pour obtenir soutien d'Antoine et d'Octave et des généraux cupides qui sans les pots de vin et la prise en charge des armées (surtout en hiver) n'auraient pas hésité à l'abandonner ou à suivre le plus offrant...

En quatre ans Hérode avait beaucoup changé et il n'y avait maintenant plus rien de comparable entre le jeune homme éprit de justice et de vérité qui gouverna dans sa jeunesse la Galilée et la Basse Syrie ! Cette guerre où il fit tuer tellement de monde l'avait changé, il était maintenant plus dur et plus prêt à défendre son trône contre tout prétendant qui s'interposerait, y compris ceux de sa famille.

Il commença son règne par régler ses comptes avec l'opposition juive et en particulier le Sanhédrin qui l'avait humilié en le condamnant parce qu'il avait osé exécuter Ezéchias et sa bande de voleurs... Hérode II fit tuer tous les survivants de cette assemblée excepté Pollion et son disciple Saméas, les seuls qui osèrent lui parler franchement !

On affirme que maintenant qu'il exerçait le pouvoir suprême il ne s'écoulait plus un jour, sans qu'il n'y ait une exécution ... Il fit ainsi assassiner quarante cinq des principaux notables de Jérusalem et fit main basse sur leur argent, leurs maisons, leur vaisselle et leurs meubles, qu'il fit déposer dans son palais.

Comment s'étonner que ces actes ne furent pas très appréciés par l'élite juive qui commençait à le craindre mais aussi à le détester !

Ce qu'essaie d'expliquer Strabon de Cappadoce qui écrivit :

" En faisant trancher la tête d'Antigone dans Antioche, ANTOINE fut le premier romain qui fit mourir un roi de la sorte. Car les juifs même sous la violence des tourments ne purent pas donner à Hérode le nom de roi. En se servant d'un tel supplice honteux pour un roi Antoine pensa ainsi obscurcir la mémoire d'Antigone et adoucir l' l'aversion des vrais juifs contre Hérode. "

Profitant des problèmes que rencontrait OCTAVE à Rome dans la guerre civile qui l'opposait à Sextus le fils de Pompée, ANTOINE renvoya Octavie la soeur d'Octave à Rome et demanda à Cléopâtre de venir le rejoindre en Syrie, en lui promettant le mariage !

Flavius Josèphe témoigne que Cléopâtre était une femme ambitieuse, avare et aussi cruelle qu'Hérode. Après avoir en effet fait mourir tous les membres de sa famille, elle s'attaqua aux étrangers :

Par ses incessantes calomnies, elle essaya de persuader Antoine de faire mourir ses dirigeants voisins : Hérode et Malch, roi d'Arabie, afin de profiter de leurs dépouilles. Antoine qui avait Hérode en haute estime feignit de lui donner raison en enlevant à la couronne d'Hérode et de Malch plusieurs territoires qui leur appartenaient notamment toute la région de Jéricho.

JERICHO était en ce temps-là la perle de l'Orient : une superbe et très riche oasis. Jéricho est non seulement la ville la plus basse de la Terre puisqu'elle est située à -250 mètres sous le niveau de la mer, mais certains savants la considèrent comme une des plus vieilles cités préhistoriques connue officiellement avec ses épais remparts dont les fondements ont été érigés il y a environ 10.000 ans ! Elle est également considérée avec l'Egypte comme un des berceaux de notre civilisation !

Des fouilles ont démontré que les remparts protecteurs de Jéricho étaient constitués de pierres taillées juxtaposées, sans ciment. D'une épaisseur de deux mètres, ils atteignaient jusqu'à 7 mètres de hauteur. Cet ensemble de remparts était à nouveau ceinturé par un fossé taillé dans le roc, large de huit mètres et profond de 2 m 50.

Les savants qui contrôlèrent les fouilles au carbone 14 estimèrent qu'elle pouvait contenir environ 3.000 habitants partagés dans un millier de maisons construites en briques séchées au soleil surmontées en plein centre par quelques bâtiments publics et une grande tour massive qui en cas de besoin devenait l'ultime forteresse de repli.

Avant le règne d'Hérode, Jéricho n'était qu'une ville de garnison romaine, plus tard Hérode la choisira pour y faire construire son magnifique et grandiose palais royal. Mais écoutons les commentaires de Josèphe :

" les territoires autour de Jéricho étaient les plus fertiles de la Judée et ils étaient très abondants en palmiers et en un baume très rare qui en faisait le plus précieux de tous les parfums... On incisait des plantes odorantes par des pierres très tranchantes et on recueillait goutte à goutte ce précieux nectar que l'on distillait afin d'en concentrer les arômes..."

En apprenant cette annexion en faveur de l'Egypte, Hérode accusa le coup, mais s'il était roi c'était bien grâce à Antoine et ce n'était vraiment pas le moment d'abandonner le parti de Rome.

 

24.  La libération d'HYRCAN II

 

Comme on s'en souvient Barzapharnès et le général Pachorus prirent traîtreusement Phasaël et Hyrcan II pour les retenir prisonniers. Phasaël s'étant suicidé la tête fracassée contre le rocher où il était enchaîné on emmena Hyrcan II chez Phraate le roi des parthes. Phraate par égard à sa noblesse lui fit ôter ses chaînes et lui permit de demeurer dans Babylone où se trouvaient un grand nombre de juifs parmi la population. Ceux-ci le vénérèrent et le considèrent comme leur Grand-Prêtre en exil.

Lorsque Hyrcan apprit que Hérode venait d'être nommé roi de Judée, il s'en réjouit et fonda les plus grandes espérances pour un retour au grand Pontificat. Hérode envoya à la cour de Phraate Saramalla son ambassadeur chargé de grands présents afin d'obtenir du roi parthe la libération d'Hyrcan II qui l'appelait son bienfaiteur.

Hyrcan II fut donc remis en liberté et les juifs de Babylone s'unirent pour collecter l'argent nécessaire à son retour en Judée. Hérode le traita avec beaucoup d'honneur en lui réservant toujours le premier rang aux assemblées et aux festins et en le nommant publiquement : son père, il ne laissait rien prévoir de la trahison qu'il lui préparait.

En effet pour éviter qu'Hyrcan ne reprenne sa place, il fit venir de Babylone un sacrificateur nommé ANANEL issu d'une des familles les plus obscures et lui donna la charge de Grand Sacrificateur.

Alexandra sa belle mère et fille d'Hyrcan fut choquée du tort qu'on venait de faire à son père. Elle écrivit à Cléopâtre pour qu'elle intervienne auprès d'Antoine afin qu'il restitue cet honneur à son père. Pendant ce temps GELLIUS, un ami d'Antoine était de passage en Judée et fut éblouit de la beauté des deux enfants d'Alexandra : Mariamne et son frère Aristobule III qui venait d'avoir 16 ans.

Gellius conseilla à Alexandra d'envoyer le portrait de ses enfants à ANTOINE en croyant que l'empereur accorderait à de si beaux enfants tout ce que leur mère souhaiterait. Gellius qui présenta à Antoine ces portraits exagéra encore la beauté des deux enfants en les comparant à des dieux plutôt qu'à de simples mortels et fit même de nombreuses allusions pour faire naître l'amour de Mariamne dans le coeur d'Antoine. Mais l'Empereur d'Orient qui redoutait la jalousie de Cléopâtre répliqua qu'il ne serait pas honnête d'obliger un ami à lui faire parvenir sa femme...

Toutefois Antoine écrivit à Hérode de lui faire parvenir Aristobule III sous le couvert d'honnêtes prétextes. Hérode qui connaissait bien la réputation d'Antoine dont certains disaient qu'il était le plus voluptueux de tous les romains, craignit qu'Antoine subjugué par les charmes d'un aussi joli garçon n'en vienne pour mieux l'approcher à lui restituer son trône.

Après qu'Hérode se fut excusé auprès d'Antoine il fit venir ses amis et se plaignit que sa belle mère Alexandra faisait tout derrière son dos pour mettre son fils au pouvoir. Mais qu'il voulait bien oublier ces intrigues pour lui témoigner son affection en destituant Annanel qui n'avait reçu cette charge uniquement qu'en raison de la jeunesse actuelle d'Aristobule III, frère de Mariamne.

Ces paroles qui allaient au devant des désirs d'Alexandra lui furent rapportées et la troublèrent à un tel point qu'elle alla demander le pardon d'Hérode puisqu'il semblait avoir deviné ses desseins. Alexandra assura Hérode que son fils lui resterait très soumis et pour toujours très reconnaissant. Sur quoi ils se serrèrent la main de façon à ce que tout le monde les crut totalement réconciliés. Toutefois Hérode donna des ordres pour interdire la sortie du palais à sa belle mère Alexandra qu'il fit secrètement surveiller, de façon à ce que tous ses faits et gestes lui fussent fidèlement rapportés. Cette nouvelle servitude porta gravement atteinte à sa fierté, elle s'en ouvrit par lettre à Cléopâtre qui lui conseilla de venir avec son fils chez elle pour se mettre sous sa protection.

Ce projet faillit réussir si Sabion un serviteur qui auparavant haïssait Hérode n'était venu l'en informer pour s'attirer ses bonnes grâces. A nouveau Hérode qui craignait beaucoup l'influence de la reine Cléopâtre fit semblant de pardonner à sa belle-mère.

 

25.  Mort du jeune frère de MARIAMNE

 

Hérode enleva donc la charge de Grand Sacrificateur à Ananel, ce qui soulagea beaucoup les juifs de Jérusalem, puisqu'il considéraient leurs frères de la diaspora babylonienne comme des étrangers et il donna cette charge au jeune Aristobule III de 17 ans.

La fête des Tabernacles étant arrivée (du 15 au 21 Tishri = 2ème quinzaine d'Octobre, en souvenir des 40 années d'errance du peuple juif dans le désert) Aristobule III monta à l'autel entièrement revêtu des ornements réservés au Grand Sacrificateur, à cette vue le peuple manifesta bruyamment sa grande joie dès qu'il apparut dans ses habits sacerdotaux brodés d'or et d'argent. Hérode qui était présent à ce moment en conçut encore plus de jalousie, ce qui lui donna l'idée d'une véritable machination.

L'occasion lui fut donnée neuf mois plus tard lorsque Alexandra organisa à Jéricho une fête pour son fils. Nous sommes en été et il fait très chaud, Hérode s'est installé sous un palmier et il regarde amusé les enfants qu'Alexandra a invité pour le plaisir de son fils. Il y a là de nombreux adolescents qui ont l'âge d'Aristobule et comme il fait une chaleur torride, Hérode conseilla à Aristobule de rejoindre ses compagnons dans la piscine pour se rafraîchir.

Ceux qu'Hérode avait missionnés pour perdre Aristobule s'amusèrent tant avec Aristobule qu'ils lui retinrent longuement la tête sous l'eau et le noyèrent. Après avoir été Grand-Prêtre durant un an le beau frère d'Hérode disparaissait de la course au pouvoir. Hérode rétablit immédiatement Ananel à la place de Grand Sacrificateur.

Toute la ville de Jérusalem prit le deuil et Alexandra faillit se suicider de chagrin si elle n'avait gardé au fond d'elle même le profond désir de venger la mort de son enfant.

Hérode qui essaya de faire croire à un accident pleura tant qu'on faillit presque croire en sa sincérité et en son innocence. Il fit à Aristobule des funérailles grandioses qui coûtèrent beaucoup d'argent, puis il fit brûler sur sa tombe une quantité de parfums rares et fit orner son tombeau avec une magnificence royale.

 

26.  Le voyage d'HERODE à LAODICEE

 

Cléopâtre à qui Alexandra avait écrit pour se plaindre de l'ignominie d'Hérode alla tout raconter à Antoine en réclamant : justice !

Peu de temps après Antoine arriva à Laodicée et puisqu'il comptait y demeurer quelques temps, il convoqua Hérode pour qu'il se justifie du crime dont on l'accusait. Avant de se rendre à la convocation de l' Empereur d'Orient Antoine, Hérode confia à son beau-frère Joseph le gouvernement de son royaume, avec mission au cas où il ne reviendrait pas, de tuer aussitôt Mariamne sa deuxième et trop belle épouse.

De cette façon, si Antoine le condamnait à mourir, elle ne tomberait point dans les bras d'un autre homme et en particulier ceux d'Antoine à qui on avait longuement fait l'éloge de sa beauté. Durant son absence Joseph alla donc fréquemment rendre visite à Mariamne qui partageait l'appartement de sa mère Alexandra. Il ne lui parla pas seulement des affaires du royaume mais aussi du grand amour qu'Hérode lui portait. Comme elles en riaient toutes les deux Joseph crut bon de leur donner en témoignage confidentiel une preuve de l'amour effréné que lui portait son beau-frère le roi.

Il leur fit part des ordres qu'Hérode avait donné avant son départ ce qui les glaça d'horreur. Et comme le bruit courut qu'Antoine avait fait mourir Hérode, elles exhortèrent Joseph à les mettre sous la protection de l'armée de Julius qui campait hors de Jérusalem.

Heureusement il arriva une lettre d'Hérode qui confirma le contraire : Antoine renforçait ses pouvoirs et le maintenait dans son amitié. Il l'invitait même chaque jour à des festins et ce malgré la virulence croissante de Cléopâtre à qui Antoine venait d'offrir pour l'apaiser le gouvernement des villes de Basse Syrie, à condition qu'elle renonçât à ses prétentions sur la Judée.

Lorsqu'Hérode fut de retour il apprit par Salomée sa soeur et Cypros sa mère les projets de Mariamne faisant suite à la fausse annonce de son décès. Voyant qu'Hérode lui pardonnait son projet de fuite avec sa mère, Salomée qui était également la femme de Joseph accusa Mariamne d'avoir eut des relations coupables avec son époux

Hérode interrogea Mariamne sur le bien fondé de ces déclarations, son épouse se défendit avec toute la sincérité des gens innocents et protesta avec serment qu'Hérode n'avait pas le moindre sujet pour se plaindre.

Vaincu par son amour, Hérode lui demanda pardon d'avoir douté de sa fidélité. Alors tous les deux pleurèrent et s'embrassèrent. Sur quoi Mariamne lui demanda :

- Est-ce donc une grande marque d'affection que d'avoir voulu me faire mourir si Antoine vous avait exécuté ?

Ces paroles transpercèrent Hérode comme un poignard, il s'arracha les cheveux. Et fut convaincu qu'un tel secret ne pouvait se donner qu'entre amants. Il fit immédiatement tuer son beau-frère sans le voir, ni entendre sa défense et fit mettre Alexandra en prison et aurait certainement fait tuer Mariamne si son extrême amour pour elle ne l'avait emporté sur sa maladive jalousie.

 

27.  La visite de CLEOPATRE chez HERODE

 

Cléopâtre se montrait chaque jour de plus en plus avare et exigeante Elle rêvait de créer avec Antoine (comme elle l'avait déjà demandé à César) un Empire d'Orient l'Egypte serait la rivale de Rome.

Bientôt toute la Syrie fut agitée de troubles parce qu'elle insistait auprès d'Antoine pour qu'il enlevât des seigneuries syriennes aux plus grands notables et lui les donnât ...

Elle avait tant d'ambition qu'elle fit empoisonner son frère âgé de quinze ans seulement parce qu'il aurait dû régner à sa place, puis elle obtint d'Antoine de faire tuer sa " soeur ARSINOE " pendant qu'elle était en prières dans le temple de Diane à Ephèse.

Cléopâtre descendante des Ptolémée grecs ne croyait pas en Dieu, pour s'assurer le pouvoir elle avait obtenu de César la mort de son frère Ptolémée qui l'avait chassée du trône, maintenant elle prenait l'argent partout où elle le trouvait : dans les temples, les tombeaux et même les asiles sans même se rendre compte qu'elle commettait des injustices et des sacrilèges. Elle n'avait aucun scrupule du moment que cela lui rapportait !

Elle était à peine arrivé en Syrie qu'elle songeait déjà au moyen par lequel elle pouvait s'approprier ce pays. Elle fit également tuer Lisanias, le fils de Ptolémée de Syrie sous le prétexte qu'il aidait les parthes. Antoine étant parti faire la guerre en Arménie, elle accompagna son époux jusqu'aux bords de l'Euphrate. Comme elle s'ennuyait elle décida de rentrer en Egypte en passant par la Judée.

Dès son arrivée elle fut reçue par Hérode et essaya de le séduire en se montrant très impudique et en le caressant. En réalité elle lui tendait un piège en cherchant un moyen de pouvoir l'accuser auprès d'Antoine pour lui faire perdre son amitié.

Hérode qui aimait pourtant beaucoup les femmes, puisqu'il eut plus tard : dix épouses dont neuf à la fois dans son palais, se montra très réservé face aux avances de la souveraine sans pudeur et insensible à ses caresses. Il savait très bien que s'il cédait à Cléopâtre Antoine le destituerait par jalousie, car au fond elle n'attendait que cette occasion pour le perdre auprès de son époux.

Un instant Hérode songea même à éliminer la souveraine entre ses mains, mais ses amis lui conseillèrent d'adopter la plus grande prudence puisque son époux était quand même Co-Empereur de Rome. Pour qu'aucun doute ne subsiste, ils lui recommandèrent de ne pas rester seul en sa compagnie et puisqu'il ne voulait pas répondre à ses avances il devait accomplir, dans la mesure du possible, tout ce qui était en son pouvoir pour satisfaire ses autres désirs .

Hérode accepta leurs conseils et les suivit à la lettre. Il donna en cadeau à Cléopâtre la somme de deux cent talents, ce qui correspond aux revenus rapportés par les territoires de Jéricho récemment annexés par son époux, puis il escorta la souveraine jusqu'en Egypte.

Antoine qui venait de remporter une belle et rapide victoire en Arménie avait fait prisonnier : ARTABAZE, roi d'Arménie qui avait succédé à son père Tigrane après sa mort en -55. Les romains avaient également fait prisonniers plusieurs jeunes princes, enfants d'Artabaze que le vainqueur décida d'offrir en cadeau à Cléopâtre.

Seul ARTAXIE le fils aîné d'Artabaze qui avait réussi à s'enfuir devant l'avancée romaine assura la régence à la place de son père.

Quant aux tributs qu'Antoine avait imposé aux juifs, Hérode les payait avec exactitude à Cléopâtre en sachant à quel point elle pouvait être rancunière surtout en matière de dettes.

Depuis que l'argent existe les vainqueurs ont toujours profité des pays les plus faibles pour les vassaliser c'est à dire leur faire payer une protection au moyen d'argent, d'or, d'argent ou de biens de consommation comme le blé, l'huile, le vin etc ...

Cet argent ou ce bien de consommation qui représentait parfois une grande partie de la récolte était au niveau national dénommé tribut ou impôt forcé. Hérode II était donc le tributaire indirect de la reine Cléopâtra VII et il lui versait son tribut avec exactitude de peur qu'elle ne se mette en colère. Or Hérode devait aussi recevoir un tribut de la part des arabes. Ceux-ci au début lui versèrent les deux cent talents annuels convenus, mais il arriva un jour où ils ne lui en payèrent plus qu'une petite partie !

 


La Reine Cléopâtre

 

28.  La guerre des juifs contre les arabes

 

Antoine venait de remporter une victoire contre les Parthes, mais OCTAVE supportait plus en plus mal l'attitude de son co-empereur d'Orient qui n'obéissait plus aux ordres du Sénat ! La guerre civile entre Rome et l'empire d'Orient devenait inévitable, Octave voulait mettre de l'ordre et il déclara la guerre à son co-empereur !

Hérode qui avait toujours été du côté d'Antoine lui proposa son aide mais celui-ci la refusa et ayant entendu qu'Hérode avait des problèmes d'encaissement d'impôts avec les arabes il lui conseilla plutôt d'aller faire la guerre aux arabes pour se faire restituer son dû. Comme c'était Cléopâtre qui avait informé Antoine du problème juif confronté avec les arabes, elle fut très contente que ces deux nations se fassent la guerre pour perdre chacune de leur puissance.

Chaque armée se déplaça l'une vers l'autre jusqu'à ce que juifs et arabes furent face à face pour s'affronter à Diospolis. Le choc fut terrible et d'une grande violence. A la fin de la journée les arabes ayant perdu de nombreux combattants se retirèrent auprès de Canath pour rassembler une nouvelle armée en Basse Syrie.

Très confiants par leur première victoire les juifs repartirent à l'assaut en étonnant tellement leurs adversaires qu'il prirent la fuite. Seulement c'était compter sans la perfidie du général ARTHENION chef des troupes de Cléopâtre qui voyant que la victoire allait aux juifs, donna l'ordre à ses troupes de charger les juifs.

Les égyptiens profitèrent de la surprise et de la fatigue de l'armée d'Hérode qui devait maintenant lutter contre deux ennemis. Les Arabes constatant qu'un allié inattendu les aidait, renversèrent la situation et tuèrent la grande majorité des juifs présents. Hérode s'engagea alors personnellement dans la bataille, mais il était trop tard : tout le camp juif était déjà pillé... Depuis ce jour Hérode adopta une conduite plus prudente avec les arabes et se contenta de faire de petites incursions dans leur pays où il en tira tant d'avantages que ses pertes furent compensées.

 


Pétra - Place forte arabe à l'époque d'Hérode le Grand

  

29.  L'année de la BATAILLE D'ACTIUM

 

An -31. Marcus AGRIPPA l'ami et général en chef des armées d'Octave s'approcha de la Grèce. Le choc entre les deux armées romaines eut lieu à Actium. Craignant d'être abandonnée par Antoine s'il arrivait à vaincre 0ctave, Cléopâtre organisa sa défaite en ordonnant en pleine bataille à ses navires de guerre de mettre le cap au Sud.

Affolé Antoine abandonna ses troupes et ses navires et partit rejoindre son épouse qui rentrait à Alexandrie. Octave encercla alors Alexandrie. Cléopâtre se barricada dans un mausolée au bord de la mer avec ses richesses et ses servantes.

Antoine se transperça le corps avec son épée sur la fausse nouvelle du suicide de la reine d'Egypte. Agonisant, Antoine se fit transporter auprès de sa bien-aimée pour mourir entre ses bras.

Octave entra dans la ville et parlementa en alternant promesses et menaces sur la vie des enfants du couple pour empêcher Cléopâtre de se suicider. Mais la dernière reine d'Egypte ayant eu connaissance des véritables intentions d'0ctave qui voulait la ramener enchaînée à Rome pour la faire défiler derrière son char devant le peuple romain, Cléopâtra préféra la mort en se faisant mordre par un aspic.

Octave annexa l'Egypte et fit mettre à mort Césarion, le fils de Jules César et de Cléopâtre qui venait d'avoir 13 ans, tandis qu'Octavie la soeur d'Octave et première épouse répudiée de Marc Antoine recueillit et éleva les enfants d'Antoine et de Cléopâtre.

Cela se passa en l'année de la 187ème Olympiade qui correspondait à la septième année de règne d'Hérode. Or il arriva cette même année une grande catastrophe en Palestine.

 

30.  Tremblement de terre en Palestine

 

Au début du printemps survint un terrible tremblement de terre qui coûta la vie à 10.000 hommes qui se trouvèrent accablés sous les ruines de leur maison selon le 1er récit de " l'Histoire Ancienne des juifs " écrit par Flavius Josèphe (Livre XV chap. VII)

ou 30.000 personnes selon le second récit concernant ces mêmes événements écrits par le même auteur dans un autre livre intitulé : la guerre des juifs contre les romains (Livre 1er chap. XIV) ...

Nota : pour être valable selon la loi de Moïse, un témoignage devait être rapporté doublement ou par deux personnes ce qui explique que la Bible a souvent consacré deux passages se rapportant aux mêmes événements, de même les Evangiles sont basés sur le témoignage de quatre Evangélistes, dont trois sont particulièrement ressemblants.

Pour ne pas lasser le lecteur nous avons essayé de faire un résumé personnel unique des deux récits de Flavius Josèphe puisque ces deux récits nous exposent les mêmes actions dans des termes légèrement différents mais avec UN FOND d'Histoire identique.

Revenons à notre tremblement de terre qui fit périr également le bétail dans une quantité incroyable et indéfinissable. Les maisons furent gravement endommagées, mais les hommes de troupe qui dormaient sous des tentes ne furent pas blessés.

Le bruit et les conséquences graves de ce séisme arrivèrent jusqu'aux oreilles des arabes qui crurent que toutes les villes étaient détruites et que personne ne pourrait désormais plus leur résister. Ainsi au lieu de témoigner de l'aide et de la compassion au peuple sinistré, les arabes tuèrent les ambassadeurs qu'Hérode leur envoya pour leur parler de paix et déferlèrent sur la Palestine.

Le courage des juifs venant à manquer, Hérode les harangua en ces termes pour que ses hommes d'armes se ressaisissent :

" Je vous prends tous à témoins des outrages que nous avons reçu de ces barbares, les plus perfides et les plus impies de tous les hommes. Quelques soient les sujets qu'ont les autres voisins de se plaindre d'eux, nuls autres n'ont tant éprouvé que nous les effets de leur avarice et de leur envie. Mais que dirais-je de leur ingratitude, car peuvent-ils désavouer que c'est grâce à l'affection qu'Antoine m'a toujours témoigné que j'ai pu éviter qu'ils ne tombent sous la domination de Cléopâtre ?

Qui peut donc douter que nous soyons tous obligés de nous venger des injures ? Dieu lui-même nous l'ordonne lorsqu'il nous commande de haïr l'insolence et l'injustice, car en tuant comme ils l'ont fait nos ambassadeurs n'ont-ils pas commis le plus grand de tous les crimes ? Si le seul nom de héraut est sacré et inviolable chez les grecs, à plus forte raison il l'est aussi chez nous qui avons reçu de Dieu nos saintes lois par le ministère des anges qui sont ses messagers.

On dira peut-être il est vrai que la raison est pour nous, mais qu'ils sont plus forts que nous, je réponds que Dieu est toujours pour ceux qui ont la justice de leur côté et partout où est Dieu, sa puissance infinie y est aussi. Mais quand ils seraient aussi redoutables qu'on veut se le persuader, cela ne devrait-il pas nous fortifier, plutôt que d'affaiblir notre courage, puisque la véritable valeur ne consiste pas à surmonter des lâches et des timides, mais à vaincre les plus braves et les plus vaillants.

Ainsi lorsqu'ils nous verront venir hardiment à eux, leur audace s'évanouira, leur peur augmentera notre courage et nous n'aurons à combattre que des gens à demi-vaincus.

Ce tremblement de terre n'est survenu que par des causes naturelles, et si quand bien même il serait arrivé par la volonté de Dieu contre nous, pouvons-nous douter que sa colère ne soit satisfaite par ce châtiment, puisque autrement, il ne l'aurait pas fait cesser ?

Car ce tremblement ayant été général dans tout le reste du royaume, vous seuls qui étiez sous les armes en avez été préservés.

Considérez en toutes choses que Dieu n'a point manqué d'être en tous les temps votre protecteur, marchez et ayez confiance en la justice de votre cause contre cette impie et perfide nation qui a violé les traités les plus inviolables, qui a toujours fui devant vous et n'a témoigné de la hardiesse que pour assassiner vos ambassadeurs... "

Ce discours motiva tellement ses troupes qu'elles ne demandèrent plus qu'une chose : attaquer l'ennemi. La bataille eut lieu de l'autre côté du Jourdain. Plusieurs furent tués et les arabes lâchèrent pied, mais les juifs les poursuivirent jusque dans leur camp où ils furent contraints de se défendre. Cinq mille arabes furent tués par les juifs et par eux-mêmes.

Les juifs entourèrent le camp arabe et les empêchèrent de sortir pour chercher de l'eau et de la nourriture. Après deux jours de siège les arabes voulurent se rendre sans condition, mais Hérode ne voulut même pas recevoir leurs ambassadeurs. Très déshydratés quatre mille arabes se rendirent le cinquième jour pour être enchaînés comme esclaves. Le lendemain le reste des combattants décida de sortir afin de mourir plutôt les armes à la main que de faim et de soif. Comme ils étaient très affaiblis et sans moral les juifs en tuèrent près de sept mille combattants (!) Une si grande défaite fit monter dans l'esprit de la nation arabe la crainte et l'estime d'Hérode qui l'adopta comme son protecteur.

 

31.  L'exécution d'HYRCAN II

 

Après cette éclatante victoire Hérode retourna à Jérusalem couvert de gloire et d'honneurs, mais il commença à nouveau à craindre pour son trône lorsqu'il apprit la victoire d'Octave à Actium et la mort d'Antoine. Comme Hyrcan II était actuellement le seul prétendant au trône qui fut en âge de régner (!), Hérode conçut le projet de le faire mourir dès la prochaine occasion et chercha un prétexte.

C'est Alexandra sa belle mère et fille d'Hyrcan qui le lui donna. Après bien des plaintes sur l'insécurité de sa famille elle était parvenue à faire écrire une lettre à son père destinée au roi Malch d'Arabie. Dans cette lettre Hyrcan manifestait son pressentiment concernant l'avènement d'Octave et les réactions d'Hérode au cas où le nouvel empereur unique décidait de se venger sur l'ami d'Antoine.

Hyrcan choisit pour cette mission son ami Dosithée qui haïssait Hérode puisqu'il avait tué Joseph (un ami à lui) et qu'Antoine avait fait tuer ses deux frères à Tyr. Et pourtant Dosithée dans l'espoir d'une récompense alla trouver Hérode pour lui montrer la lettre. Après l'avoir lue Hérode la fit refermer et attendit la réponse de Malch pour connaître sa réaction.

Malch répondit favorablement à la demande d'asile d'Hyrcan et lui proposa une escorte pour le voyage et son assistance financière. Lorsque Hérode reçut la réponse de Malch il convoqua Hyrcan devant son conseil et lui demanda quel traité il avait convenu avec Malch ? Celui-ci lui ayant répondu aucun, Hérode lui présenta la réponse qu'il attendait et ordonna qu'on le mette à mort.

Ainsi mourut Hyrcan un pauvre vieillard très doux qui venait de fêter ses quatre vingt ans l'année de son retour d'exil sur les bords de l'Euphrate. Mort violente inutile, car Hyrcan n'avait déjà plus ni le courage, ni les forces pour reprendre la couronne de Judée.


Retour vers le menu principal